Jeanne d’Arc au dessert
Samedi 30 novembre 2024 à 07h
Cette semaine c’est Annick, fidèle lectrice, qui nous interroge sur un service à dessert comprenant 12 assiettes figurant l’histoire de Jeanne d’Arc. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, d’en dire plus sur cet ensemble de céramiques.

En ce quatrième jeudi de novembre, les familles d’outre-Atlantique se sont réunies pour célébrer Thanksgiving, fête de retrouvailles et de partage autour d’une table. A cette occasion, chacun dresse une belle table, qui pourrait être ornée au dessert de l’objet de cette semaine : une série d’assiettes illustrant la vie de Jeanne d’Arc. Elles sont numérotées de 1 à 12 et retracent les grandes étapes de la vie de la patronne de la France, depuis sa révélation à Domrémy, en passant par le Sacre du roi Charles VII à Reims jusqu’à sa mort sur le bûcher à Rouen. Le terme attribué à ce type de série d’assiettes est celui « d’assiettes parlantes », qui peuvent porter sur différents thèmes : humoristique, historique, politique… Le but est, à la fin du repas, de remettre les assiettes dans l’ordre. C’est un bon moyen d’attendre le fin mot de l’histoire, pour les petits comme pour les grands.
Interrogeons-nous sur l’origine de cette série. Quand et où ont-elles été fabriquées. Pour le découvrir, il faut retourner votre assiette. La marque bleue au revers est celle de la manufacture de Gien, sur les bords de la Loire. Fondée en 1821, cette manufacture de faïence est devenue l’une des plus importantes d’Europe au XIXe siècle. Elle se spécialise notamment dans l’imitation de pièces produites par d’autres faïenceries mais fournit aussi des créations originales, en adéquation avec la mode du temps. La marque de la manufacture ayant évolué au fil du temps, il est possible d’identifier la période de fabrication des pièces en l’occurrence en fonction de son dessin. Ici, la signature correspond à la période 1878-1900. Il est intéressant de noter qu’on parle d’une faïencerie tandis que la marque porte la mention « porcelaine opaque ». Cette mention rappelle qu’il s’agit de faïence fine, réalisée avec une argile moins rare que celle nécessaire pour façonner la porcelaine. Cela permet de créer des pièces de qualité à un prix abordable, mais qui, contrairement à la véritable porcelaine, ne laisse pas passer la lumière à travers.
Le service à dessert d’Annick est très intéressant car il est complet et en bon état ! Ce qui est rarement le cas et constitue une plus-value. Toutefois, ce type d’assiette a été produit à grande échelle et de nombreuses pièces identiques se retrouvent encore aujourd’hui sur le marché. L’estimation de ce service peut s’articuler autour de 30 à 50 euros. Une somme certes modeste, mais attractive pour tous ceux qui souhaitent dresser une jolie table en prévision de la fête de Noël à venir au terme de la période de l’Avent qui débute ce dimanche.