Inaugurerons-nous les chrysanthèmes ?
Samedi 02 novembre 2024
Danielle de La Chaussée-Saint-Victor nous interroge sur un tableau trouvé dans son grenier ; l’occasion pour Aymeric Rouillac de nous en dire plus sur cette peinture.
L’objet de la semaine est une œuvre picturale de grandes dimensions, mesurant 1,30 m de hauteur par 1 m de largeur. Y figure un bouquet de fleurs de couleurs variées, réunies dans un vase posé sur une table. Le récipient et le fond du tableau sont peints dans des tons unis, de façon à mettre en valeur le sujet du tableau, ces fleurs, vraisemblablement des dahlias, qui se détachent du fond bleu vert de par le choix de teintes opposées pour les représenter. On remarque enfin la présence d’une signature, « A. Deyrolle », en bas à droite de cette composition.
Une coutume de la Première Guerre
Les dahlias font partie de la famille des astéracées, laquelle regroupe également les œillets et… les chrysanthèmes, fleurs emblématiques de la Toussaint de par leur association, dans la tradition française, avec le deuil et la floraison des tombes. Cette coutume remonte au lendemain de la Première Guerre mondiale, alors que Georges Clemenceau avait invité lesFrançais à aller fleurir les tombes des soldats tombés au front à l’occasion du 1er anniversaire de l’armistice. La tradition
s’est par la suite déplacée au 2 novembre, jour des morts, et par extension au 1er novembre, en raison du caractère
férié de ce jour de Toussaint où l’on célèbre… tous les saints !
Il est intéressant de noter que selon les pays et les croyances, le chrysanthème est symbole d’émotions diverses, négatives
aussi bien que positives, telles que la joie, le bonheur, ou encore un amour sincère et constant. Cette fleur revêt notamment une grande importance en Asie, d’où elle est originaire : symbole de longévité en Chine, elle est également la fleur emblématique de la famille impériale japonaise.
Un peintre breton
Penchons-nous à présent sur la signature apposée sur votre tableau, Danielle : il s’agit de celle de Théophile-Louis Deyrolle (1844-1923), peintre élève de Bougereau et Cabanel, principalement connu pour ses représentations de la vie quotidienne dans sa Bretagne d’adoption, et particulièrement dans la région de Concarneau. Peintre reconnu de son vivant, il participe àdifférents salons, tel le Salon de la Société des artistes français, et à l’Exposition universelle de 1900, où il décroche la médaille de bronze. T.-L. Deyrolle s’est également illustré comme céramiste, notamment à la manufacture de Quimper.
Votre œuvre, Danielle, est assez surprenante dans le corpus de l’artiste, où l’on retrouve peu de natures mortes. Elle
semble avoir légèrement souffert de son stockage dans votre grenier, ce qui a une incidence sur son estimation, que l’on pourrait fixer autour de 300 à 500 euros. De quoi vous offrir un petit séjour au vert lors des week-ends prolongés du mois de novembre !