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LA DYNASTIE ROUILLAC : LE MARTEAU EN HÉRITAGE

Mardi 23 mai 2023

L'Objet d'Art, Nathalie Mandel

Coffre du cardinal Mazarin, Japon, vers 1640. Cèdre, laque du Japon, or, argent et nacre, laque aventurine, cuivre ciselé et damasquiné, métal et acier ciselés, 63.5 x 144.5 x 73 cm. Amsterdam, Rijksmuseum. © Rijksmuseum
Lavinia Fontana (1552-1614), Portrait d’Antonietta Gonsalvus. Huile sur toile, 54,5 x 47 cm.
Estimé : 80 000/120 000 €. © Rouillac
Buste du roi Louis XV, Pont-aux-Choux ou Lunéville, XVIIIe siècle. Faïence blanche émaillée représentant le roi en armure, drapé, sur une base ornée d’un cartouche rocaille et d’un lion couché en ronde-bosse, 53 cm. Estimé : 12 000/15 000 €. © Rouillac

Dans la famille Rouillac, demandez le fils : commissaire-priseur depuis janvier 2010 au sein de la maison de ventes familiale, le médiatique Aymeric co-anime avec son père les iconiques ventes « garden-party » dont la prochaine édition sera la 35e. Il a reçu L’Objet d’Art.

Aymeric Rouillac pose aux côtés de la toile T34 de Kazuo Shiraga devant le château d’Artigny où elle sera vendue le 4 juin. © Rouillac
Aymeric Rouillac pose aux côtés de la toile T34 de Kazuo Shiraga devant le château d’Artigny où elle sera vendue le 4 juin. © Rouillac

Début juin aura lieu votre vente à succès « garden-party à la française ». Comment est née cette idée ?

Dans la continuité, c’est le rendez-vous le plus ancien pour les enchères en France. Il existe depuis 1989. L’idée a germé grâce à une amie américaine installée dans le Val de Loire, la marquise de Brantes, qui nous a suggéré de créer un événement hors norme. Grâce à elle, mon père a réussi à convaincre le propriétaire du château de Cheverny de nous accueillir dans sa demeure pour une édition annuelle. Depuis 2015, cet événement s’est déplacé au sud de Tours au château d’Artigny, qui permet également une superbe mise en scène. Le château est entièrement vidé, à l’exception des chambres où peuvent séjourner les clients qui participent à la vente. C’est la fête des objets, un moment particulièrement prisé des collectionneurs.

À quoi attribuez-vous le succès de cet événement ?

Au fait qu’il s’agit d’une édition annuelle. Nous avons en effet pensé qu’il était judicieux de regrouper nos trouvailles dans une seule vente plutôt que de les égrener tout au long de l’année. C’était un pari un peu fou quand on y pense ! Mais le succès a tout de suite été au rendez-vous. Nous pouvons nous enorgueillir de 13 enchères millionnaires depuis le début de cette aventure. Nous proposons un catalogue exceptionnel où les estimations ne sont pas indiquées car c’est l’objet qui prime. Nos vendeurs sont prêts à attendre plusieurs mois s’il le faut car ils savent que c’est dans cette vente qu’ils obtiendront le meilleur prix. Nous prenons tout le temps nécessaire à l’étude des pièces. Je pense en particulier à une grande découverte faite en 2013 dans un pavillon de la région. Il s’agissait d’un bar à liqueurs qui s’est révélé être un coffre en laque de Mazarin (voir EOA N° 492, p. 87). Aucun expert n’y croyait, mais nous étions convaincus que c’était un objet très important. J’ai effectué des recherches pendant trois mois à plein temps et j’ai fini par trouver des documents d’archives car ce coffre était consigné à chaque fois qu’il voyageait. Il a été adjugé plus de 7 M€ et se trouve aujourd’hui au Rijksmuseum d’Amsterdam. Je citerai Picasso : « le génie c’est de trouver ».

Que réserve l’édition 2023 ?

Il y aura un tableau magistral du peintre japonais Kazuo Shiraga, chef de file du mouvement Gutaï. Ce tableau avait été acheté en 1990 par un industriel d’Amboise à qui on avait parlé d’un artiste japonais peignant avec les pieds. Il avait cru faire une bonne action pour un artiste handicapé ! Quand la photo nous est parvenue en décembre, au milieu de tout un ensemble d’images, le propriétaire l’avait déjà envoyée à plusieurs autres commissaires-priseurs, sans beaucoup de réactions… Nous avons contacté des spécialistes au Japon pour mieux étudier le tableau qui est estimé entre 500 000 et 800 000 € dans la vente. La grande baigneuse de Courbet, peinte vers 1869-1870, est un autre lot phare, elle constitue l’adieu pictural de l’artiste au nu féminin (300 000/500 000 €). Il a été trouvé par un marchand de la région parisienne ; celui-ci a estimé que nous étions les mieux placés pour vendre ce tableau.

Vous travaillez avec votre père Philippe Rouillac, dont le père était lui-même commissaire-priseur. Pensez-vous que ce métier a beaucoup changé ?

L’essence du métier n’a pas beaucoup changé mais certaines tendances profondes se sont intensifiées, comme la séparation entre les métiers de commissaire-priseur volontaire et judiciaire. De moins en moins d’études combinent aujourd’hui les deux activités. Internet a bien sûr renforcé l’internationalisation des ventes et contribué à plus de transparence. La communication est devenue primordiale. Nous avions été les premiers à accueillir des équipes de télévision en 2012… Mais le plus important dans ce métier est de garder les yeux ouverts. Nous faisons le maximum pour satisfaire nos clients, nous leur offrons un service sur mesure, alors que chez les gros acteurs du marché ils risqueraient de se retrouver perdus dans la masse. Nous sommes une équipe de moins de dix personnes qui travaillons dans le culte de l’objet. Et notre indépendance est notre meilleur atout pour trouver des merveilles.

35e vente « garden-party »
Du 2 au 4 juin 2023 au château d’Artigny
37250 Montbazon
www.rouillac.com
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