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Ulysse et Balon : l' Odysée de la céramique Blésoise

Samedi 04 juillet 2009

Ce vase en faïence de 26 cm de haut est riche tant par ses couleurs que par son décor. Des motifs végétaux apparaissent en rose, encadrant une fleur épanouie jaune. Sur la partie supérieure et inférieure de cette céramique, le rouge rubis tranche sur un fond bleu vert turquoise, et d’où des fleurs tons sur tons se dégagent finement. Pour compléter cette ornementation colorée, on trouve sur une des faces du vase, un cygne couronné « navré », terme technique dans l’étude des blasons pour dire qu’il est percé d’une flèche.

Ce vase en faïence de 26 cm de haut est riche tant par ses couleurs que par son décor. Des motifs végétaux apparaissent en rose, encadrant une fleur épanouie jaune. Sur la partie supérieure et inférieure de cette céramique, le rouge rubis tranche sur un fond bleu vert turquoise, et d’où des fleurs tons sur tons se dégagent finement. Pour compléter cette ornementation colorée, on trouve sur une des faces du vase, un cygne couronné « navré », terme technique dans l’étude des blasons pour dire qu’il est percé d’une flèche.

Ce symbole, est celui de Claude de France, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne et épouse du roi François Ier. Cette noble dame du XVIème siècle, née à Romorantin, est morte à Blois. C’est pourquoi, d’ailleurs, on retrouve ce symbole dans le château, en particulier sur l’escalier monumental François Ier. Pour quelle raison l’auteur de ce vase a-t-il voulu honorer une figure historique majeure de notre département ? En regardant sous la base, apparait une signature qui doit faire écho aux fidèles lecteurs de la Nouvelle République. C’est celle d’Ulysse, pour Ulysse Besnard, ce fameux peintre céramiste installé à Blois dans la seconde moitié du XIXème siècle, dont nous avons déjà traité une urne publiée le 7 mars 2009. Ulysse s’était spécialisé dans la céramique inspirée de la Renaissance, mettant en valeur les figures locales comme François I ou Claude de France. Il était installé quai des Imberts (aujourd’hui quai Ulysse Besnard), dans l’ancienne auberge la Croix des Pèlerins de Compostelle. Ce qui explique la coquille avec une croix qu’il choisit comme marque de fabrique en y ajoutant son initiale U, figurée comme un V, et que l’on retrouve ici.


Mais notre divin Ulysse est mort en 1899 et le vase est daté de 1902 ! L’autre signature inscrite sur le vase, celle d’ « Émile Balon suiveur », explique cette résurrection artistique. Balon était apprenti puis décorateur chez Ulysse. En 1886 il racheta le fonds de commerce de son maître, comprenant l’ensemble des archives, mais aussi le droit d’apposer sur chaque céramique cette double signature. La renommée d’Ulysse étant internationale, il est compréhensible que Balon ait utilisé cette « marque » et le style de son maître. L’autre image de marque de Balon fut de proposer des décors « sur mesure ». Il ne travaillait que sur commande, et selon les désirs des clients qui choisissaient eux même la forme, la taille et le décor à partir d’un catalogue photographique. Chaque pièce était donc unique, et l’entreprise de Balon en a tiré un grand succès commercial. Mais les pièces manquaient de cette force créatrice artistique qui avait fait la gloire d’Ulysse, et bien souvent les mêmes motifs à la mode se répétaient. C’est le cas pour ce vase qui est trop chargé au niveau des coloris, et dont le cygne fut un grand classique du catalogue de Balon. Le musée de Blois conserve d’ailleurs une vasque datée 1895 avec ce symbole de Claude de France. En bon état, l’estimation est donc deux fois moins importante que pour une pièce signée uniquement d’Ulysse, environ 200 euros. N’est pas Personne qui veut !
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