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Les petits trésors cachés des Lochois

Vendredi 20 janvier 2023

La Nouvelle République, Julien Lucas

L’œil d’Aymeric Rouillac s’est attardé sur un tableau de Maurice Utrillo, apporté par un Lochois.
L’œil d’Aymeric Rouillac s’est attardé sur un tableau de Maurice Utrillo, apporté par un Lochois.

Profitant de la présence de la maison Rouillac, des Lochois se sont présentés spontanément à la salle des Cordeliers, jeudi 19 janvier 2023, pour faire estimer des objets. Certains seront prochainement vendus aux enchères.

« Ça a plus de valeur sentimentale que de valeur marchande. Et c’est certainement le plus important. » Didier, venu de Saint-Senoch, espérait une belle surprise lorsqu’il a présenté son horloge à Philippe Rouillac. L’œil du commissaire-priseur tourangeau en a décidé autrement. « J’en avais hérité de mon beau-père. Il était chez moi. Je voulais connaître sa valeur. »

Des personnes comme Didier, Philippe Rouillac et son fils en ont vu défiler, jeudi 19 janvier 2023, à la salle des Cordeliers, à Loches. Des habitants, curieux de connaître la valeur de leurs objets, profitant d’une journée d’estimations gratuites. « La valeur de l’objet est secondaire. Le plus important, c’est de comprendre son histoire. Notre expertise va nourrir l’imaginaire et l’histoire personnelle des objets », explique Aymeric Rouillac.

« J’aime beaucoup avoir l’œil du professionnel »

Les petites histoires des objets, c’est ce dont il raffole. « Ça me fait vibrer », appuie le fils Rouillac. La journée en était parsemée. À commencer par cette Lochoise, qui a souhaité garder l’anonymat, venue avec une bague. « C’est un bijou sentimental, raconte-t-elle. Ma grand-mère nous avait offert des boucles d’oreilles, à ma sœur et moi. On en a fait une bague. »
L’œil du commissaire-priseur brille. « Pour un bijou, la première chose que
l’on va regarder, c’est la qualité des matériaux, s’il s’agit d’or, si c’est un vrai diamant. » Cette bague, il l’estimera autour des 1.000 €. « J’étais juste curieuse de connaître sa valeur », abonde sa propriétaire.

Toute la journée, Philippe Rouillac et son fils proposaient leurs estimations gratuites.
Toute la journée, Philippe Rouillac et son fils proposaient leurs estimations gratuites.

Souvent, ce que viennent chercher les propriétaires, c’est de l’expertise, des clés de compréhension. « J’aime beaucoup avoir l’œil du professionnel, avoue Jean-Pierre. Je me demande souvent “ Est-ce que cela vaut quelque chose ? Quelle est sa valeur ? ” ».

Face à Philippe Rouillac, il présente des photos de ses tableaux, des documents, des objets provenant d’héritages. « On partage nos connaissances. Nous ne sommes pas des marchands, on fait attention aux objets et à leur histoire. Il faut les comprendre, les aimer et les partager », expose Philippe Rouillac.

Des pépites et des dilemmes

Dans la salle d’attente, les chaises se garnissent. Dans les mains ou posés sur les genoux, des vêtements délicatement pliés, des sculptures soigneusement protégées et des tableaux méticuleusement emballés. Éric en a les bras chargés. Des toiles par dizaines, exposées chez lui.

« On est des chasseurs de trésors, on espère toujours en trouver », sourit Aymeric Rouillac. Au milieu de tous les tableaux, l’un d’eux l’interpelle. « Ça, c’est la pépite de la journée ! » Un Maurice Utrillo (un peintre français de la première moitié du 20e siècle). Le professionnel lui propose un mandat, en vue d’une vente aux enchères.

Avec le manche de son marteau, Aymeric Rouillac fait tinter le cristal pour écouter sa sonorité.
Avec le manche de son marteau, Aymeric Rouillac fait tinter le cristal pour écouter sa sonorité.

Le genre de pépite rare, qui confronte les propriétaires à un dilemme : faire passer la valeur sentimentale ou financière avant. Brigitte présentait vingt-huit verres en cristal de Baccarat, datant des années 1910. « Ils étaient chez ma grand-mère maternelle. Mon père en a hérité, puis moi dans la foulée. »

Aymeric Rouillac fait tinter le cristal avant le manche de son marteau. Le son est clair. La Lochoise a réfléchi. Elle venait d’abord pour les faire estimer, peut-être les vendre, n’ayant pas la place de les ranger. Ils viendront finalement compléter une future vente aux enchères dédiée à l’art de la table. Une pépite de plus dans la besace de ces chasseurs de trésors.
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