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Tours : La Fontaine star de la vente de livres anciens

Mercredi 11 janvier 2023

La Nouvelle République, Raphael Chambiriard

Me Aymeric Rouillac vend samedi 14 janvier 2023 à Tours des livres anciens issus d’une bibliothèque constituée par trois générations. Avec 34 magnifiques éditions de La Fontaine.


Plus qu’une vente de livres anciens, la vacation proposée samedi 14 janvier 2023 par Me Aymeric Rouillac tient d’un voyage dans l’esprit d’une famille bibliophile depuis trois générations.

Quoiqu’habitué aux belles bibliothèques, l’expert Jean-Paul Veyssière reconnaît être séduit par celle-ci car « elle correspond à un monde à part, avec un goût sûr, associé au sens de la collection. » De la part d’un tel connaisseur, un compliment. Assurément sous le charme, il a titré son catalogue Fabulae, pour inviter à découvrir ces 186 lots de la première partie de la « bibliothèque T ».

Neuf ans pour illustrer La Fontaine

Lorsque le commissaire-priseur et l’expert sont allés pour la première fois la découvrir à Vierzon, ils ont vu une maison remplie de rayons. Avec des livres partout, un rêve labyrinthique à la Borges ou à la Umberto Eco, auteur du Lecteur in Fabula, d’où le clin d’œil du titre du catalogue.

Plus étonnant encore, le vendeur. Il connaît chaque exemplaire pas choisi au hasard, sait tout du détail typographique ou de l’anecdote dont se repaissent les bibliophiles ou les libraires scrupuleux d’établir les fiches les plus complètes. L’auteur le plus présent du catalogue est La Fontaine (34 lots), avec des éditions qui sont à la bibliophilie ce que Luchini est à la déclamation des fables, le « phénix des hôtes de ces bois ».

Le plus bel exemplaire est celui, célèbre, illustré de 276 gravures d’après Oudry (estimé de 4.000 € à 6.000 €) au 18e siècle. « C’est assurément le projet le plus ambitieux – et le plus coûteux du siècle pour illustrer une œuvre littéraire. L’entreprise dura neuf ans et on dut faire appel à l’aide financière de l’Académie française, de la Cour et du Roy. » décrit Jean-Paul Veyssière. Sacrifiant ses vacances en Grèce, il a mené cet été une véritable enquête sur chacun des livres, recherchant leur provenance, scrutant les reliures et chaque feuillet, parfois quitte à mettre en doute la provenance indiquée par des ex-libris parfois peut-être rapportés, mais qu’importe.

Des ouvrages écrits par des femmes

La qualité se trouve toujours au rendez-vous, que ce soit dans une édition des œuvres complètes de Molière ou le Nicolas Edme de Restif de la Bretonne (estimation à 3.500 €). Reliure superbe, édition rare car avec deux états d’une gravure : celle d’origine avec un religieux contemplant des gravures pornographiques mais qui fut censurée et la suivante, avec le même personnage devenu petit marquis. Un très bel exemplaire en maroquin des Pensées de Pascal, né voilà juste 400 ans, devrait séduire les amateurs de jansénisme.

La vente compte aussi beaucoup de livres écrits par des femmes au 17e siècle, notamment Madame de Sévigné. Magnifiquement relié, le seul almanach de la vente est celui de 1757, dans lequel apparaît pour la première fois Madame de Pompadour. L’esprit de la cour et celui des fables court sur cette vente aussi savante que galante.

Conférence « Collector in fabula, vagabondage dans la bibliothèque T » par Jean-Paul Veyssière, vendredi 13 janvier à 16 h à l’hôtel de l’Univers à Tours. Exposition publique : vendredi 13 janvier de 14 h à 18 h et samedi 14 janvier de 9 h 30 à 12 h. Vente à 14 h.
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