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On change d’heure…mais pas de pendule !

Samedi 29 octobre 2022 à 07h

Cette semaine, Patricia de Selles-sur-Cher, soumet à l’expertise de maître Philippe Rouillac une pendule de table allemande. L’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire et la valeur de cet objet.



Le weekend de la Toussaint est souvent l’occasion de se réunir en famille. Cette année, il correspond également à la date où nous basculons à l’heure d’hiver. L’homme, pour qui le temps qui passe, inexorablement peut susciter la peur, a développé au cours des siècles des moyens d’en contrôler chaque seconde. « Les jours sont peut-être égaux pour une horloge, mais pas pour un homme », nous dit Proust. L’horloge est un outil objectif, qui rend le temps universel et fait miroiter l’illusion que l’homme à la maîtrise de celui-ci. Dès l’Antiquité, grâce aux cadrans solaires et autres sabliers, les prémices de l’industrie horlogère se mettent en place. A la fin du Moyen-Age, les églises européennes commencent à être équipées de systèmes complexes, puis très rapidement, l’horlogerie devient un véritable art. A partir du XVIIIe siècle, la fameuse industrie suisse se développe, devenant le centre de la production européenne. La technologie de l’horlogerie n’a de cesse de s’améliorer, pour devenir de nos jours un sommet du savoir-faire de l’homme, qui a presque réussi son pari de maîtriser le temps.

L’industrie horlogère se développe en Bade-Wurtemberg à partir du XVIIIe siècle. Au départ, ce sont les paysans qui fabriquent des horloges en bois et les vendent comme complément de revenus. Ils trouvent sur place profusion de matières premières, le bois provenant des immenses forêts et le métal nécessaire des mines de la région. Dans les années 1740, les horlogers de la Forêt-Noire inventent le fameux « coucou » et la région devient alors le centre de la production horlogère allemande. A la charnière des XVIIIe et XIXe siècle, Thaddaüs Rinderle, un moine bénédictin local, crée une importante horloge astronomique, aujourd’hui exposée au musée de l’horlogerie de Furtwangen. Face à la rude concurrence de l’industrie américaine, qui développe une production mécanisée de systèmes horlogers à bas prix, les fabricants allemands se spécialisent, soutenus par l’état du Bade-Wurtemberg qui crée une école d’horlogerie. A la fin du XIXe siècle, Arthur Junghans est à l’origine d’un système révolutionnaire de réveille-matin, le W10, qui a équipé les productions de la célèbre marque pendant un demi-siècle. Aujourd’hui, la Forêt-Noire est toujours le noyau dur de la production horlogère allemande, en ayant réussi à diversifier ses activités.

La pendule de Patricia est donc un exemple typique de cette production issue de la Forêt-Noire, fabriquée à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, en bois naturel dont l’essence est difficile à distinguer sur votre photo, d’autant que plusieurs d’entre elles ont été utilisées pour la fabrication d’horloges en Allemagne. Sur votre horloge dite architectonique - le bois est sculpté et décoré de colonnes et l’ensemble est couvert, rappelant l’architecture d’un bâtiment, peut-être une église. Le cadran blanc présente un milieu et un cerclage de métal doré, probablement du laiton. Quelques rappels de laiton viennent rehausser le décor de notre objet. Patricia nous affirme que le mécanisme est en bon état et que la pendule fonctionne parfaitement, ce qui est évidemment une bonne nouvelle. S’il existe des modèles très raffinés de pendules de la Forêt-Noire qui s’échangent pour plusieurs milliers d’euros, celui de Patricia est plus simple et moins ouvragé. Cependant, il pourrait trouver amateur aux enchères pour environ 80 euros. Une somme raisonnable pour tenter de retrouver le temps perdu. Plus d’excuses pour oublier de changer d’heure en conservant cette pendule !
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