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Que la lumière soit !

Samedi 22 octobre 2022 à 07h

par Aymeric Rouillac

Cette semaine, Cathy nous propose une lampe signée Pelletier. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire de cet objet et sa valeur.

Malgré le redoux de cette semaine, l’automne s’est bel et bien installé en France. Les journées se font plus courtes, réduites comme peau de chagrin par l’arrivée inexorable d’un hiver qui s’annonce douloureux pour le portefeuille des français. Car depuis toujours, l’Homme n’a de cesse de vaincre la nuit, symbole de froid, de danger, voire de mort dans l’imaginaire collectif. Au Moyen-Age, l’antique lampe à huile cède peu à peu sa place à la chandelle, bien plus pratique et économique. Au cours du XIXe siècle, sous l’impulsion des énergies comme le gaz et le pétrole, les villes s’illuminent et les rues sont plus sures. Puis Edison invente l’ampoule électrique dans les années 1870. La révolution électrique est en marche et son processus de fabrication industrielle permet sa diffusion des deux côtés de l’Atlantique. Au cours du XXe siècle, la Fée Electricité étend son voile de lumière chaleureuse sur le monde entier. Les luminaires portatifs sont dans toutes les maisons, et il se vend aujourd’hui des millions de lampes, productions industrielles à bas prix ou créations d’artistes utilisant cet objet si commun comme support pour leur imagination.

Georges Pelletier est un céramiste belge né en 1938 près de Bruxelles. Très rapidement, il quitte le plat pays et rejoint la capitale française pour entrer à l’École des métiers d’art. Il est alors âgé de seize ans. Il complète sa formation auprès du sculpteur Claude Pantzer. La création de son atelier au début des années 1960 lui permet de se faire remarquer par la maison Roche-Bobois. Ses luminaires en céramique intègrent alors le catalogue de la célèbre enseigne. Dans les années 70, il ouvre un nouvel atelier sur la côte d’Azur, laissant la lumière si particulière de la Méditerranée inspirer son art. Aujourd’hui, Georges Pelletier continue de créer divers objets de décoration, essentiellement des lampes en céramique. Tout au long de sa riche carrière, Pelletier s’est forgé une solide réputation et de nombreuses expositions internationales, en Europe et aux États-Unis, ont rendu hommage à son travail. Il a notamment exposé en juin 2022 à la Biennale internationale des métiers d’art au Grand Palais éphémère. Si différents modèles, comme par exemple la fameuse lampe « Soleil » se succèdent, on peut facilement reconnaître la « touche » Pelletier.

Notre lampe est donc en céramique, matière signature de l’artiste. Le pied est légèrement pansu. Il est ajouré de petites cavités en amande, qui servent de niches à des suspensions en forme de larmes ou de feuilles stylisées, comme un rappel poétique de la saison automnale. La céramique est émaillée en polychromie de tons chaleureux, rouges, orangés et or. Le tout est veiné de courbes brunes ou noires, rappelant la forme de troncs d’arbres. Le pied est signé Pelletier sur la base. L’abat-jour est étonnant, il semble que de véritables végétaux, fleurs, feuilles ou fougères, aient été collés dessus. L’ensemble a un certain charme, tout à fait de saison. Si certaines créations de Pelletier, comme la lampe « soleil », s’échangent pour plusieurs milliers d’euros, votre lampe, Cathy, est moins rare et moins travaillée. Cependant, cela reste un objet de qualité, qui pourrait trouver amateur aux enchères pour environ 150 €. Une somme raisonnable pour (re)lire Prévert et ses feuilles mortes à la lumière rassurante de cette lampe automnale. Et pour vous, Cathy, si vous êtes vendeuse, un petit pécule bienvenu pour faire face à la facture d’électricité hivernale !
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