Vendre d’accord, partager d’abord
Vendredi 10 juin 2022
La Renaissance du Loir et Cher, Méryl Serthelon
La 34e édition de la Garden party aura lieu les 19 et 20 juin au château d'Artigny (37). Philippe Rouillac en présente les pépites qui sont visibles à l'Hôtel des ventes de Vendôme jusqu'au 13 juin.
Le commissaire-priseur Philippe Rouillac le rappelle immédiatement «c'est la plus importante vente en province depuis 1989».II évoque bien sûr la Garden party qui se tient chaque année au château d'Artigny en Indre-et-Loire. Un moment que Philippe Rouillac aime partager avec son fils Aymeric : « Les générations se complètent, la jeunesse d'un côté, l'expérience de l'autre. »
Les 19 et 20 juin, mobilier classique du XVIIIe siècle et bijoux se mêleront à de véritables pépites et découvertes car c'est le lot de tous les commissaires-priseurs, cette 34e édition est à nouveau pleine de surprises.
333 lots
« On nous a confié des tableaux associés à de grands noms. C'est la première fois qu'on vendra Un Cézanne», se réjouit Philippe Rouillac. Les propriétaires de la collection en Touraine se séparent de certaines œuvres avant de déménager sur la Côte-d'Azur. « lls gardent les plus chères affectivement et s'allègent des plus chères financièrement. »Autre grand nom, celui de Toulouse-Lautrec. Encore une première pour le commissaire-priseur. La Loïe Fuller sur la piste est une huile sur toile qui sera affichée autour de 50.000€. « Une femme de 35 ans débarque dans les années 1890. Elle danse avec des sortes d'attelles en bambou aux bras. C'est le début des jeux de lumières. Elle est derrière une vitre, démultipliée par des effets miroirs. On se demande si elle est réelle ou non. C'est une œuvre assez grande, très forte, dans la suggestion et la sensibilité », raconte Philippe Rouillac et d'ajouter : « Je m'en souviendrai, c'est certain.»
Hôtel-restaurant où on côtoie les œuvres, le château d'Artigny est unique en son genre et la Garden Party est un concept qui plaît dans un contexte favorable au marché selon Philippe Rouillac : « Le marché se porte bien. Les gens sont avides de sorties. Et au-delà d'une vente aux enchères, c'est un souvenir qu'il s'achètent.» Cette année, 2.500 personnes sont attendues. 333 lots seront exposés et mis en vente mais pas seulement, ils seront surtout racontés par les commissaires-priseurs. «Ce que j'aime le plus c'est partager les connaissances, faire grandir. Après, chacun est libre d'acheter ou non.»
Et les histoires ne manquent pas. À l'instar du lot 330, «la découverte de l'année ». Au décès de leur maman, quatre Tourangeaux ont fait estimer la propriété familiale. « Après une journée éreintante, la dernière étape était le grenier où des objets de famille étaient accumulés depuis plus de 200 ans. Sur le palier, j'ai vu une jardinière dans laquelle ils mettaient les œillets de tulipes. On a mis très longtemps à en découvrir l'histoire », explique le commissaire-priseur. II s'avère que la jardinière est en fait un bol de cérémonie, avec un ours sur le côté. II avait été rapporté par les ancêtres d'un voyage en Alaska. « lls ont mis des mois à s'y rendre. C'était une terre d'aventure, une terre inexplorée. La tribu des Haida n'avait jamais vu de Blancs. lls ont dû faire du troc et ont rapporté des cadeaux. » Laissé dans son jus, le bol cérémoniel sera mis à prix à 20.000€. Philippe Rouillac sait déjà qu'il attirera la curiosité de tous et l'intérêt des musées. « C'est une pièce muséale qui se prolonge à notre époque avec des motifs de tatouage. C'est une histoire totalement ignorée jusque-là, la civilisation des Haida a disparu. »
Enfin - bien qu'on pourrait passer des heures sur chacune des pièces - Me Rouillac attire l'attention sur une collection de broderies dont la finesse rappelle des peintures. Elles ont été réalisées par des enfants de 6-7 ans aux fils d'or et d'argent et offertes au roi d'Espagne au XVIe siècle. « Le propriétaire a 96 ans et a décidé de les vendre. Le reste de la collection est à la cathédrale du Puy. Elles ont rarement vu la lumière. On en voit une ou deux par an en France d'habitude. C'est une collection extrêmement précieuse », insiste-t-il.