Un vase Art Déco pour la fête des Mères
Samedi 28 mai 2022 à 07h
par Aymeric Rouillac
Cette semaine, Christine, de Blois, nous propose un vase en faïence Art déco. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de revenir sur la production de faïence blésoise et sur sa valeur.
À l’occasion de la fête des Mères, les fleuristes vont être dévalisés. Les pivoines aux couleurs éclatantes et les roses aux tons pastel égayeront les tables ce dimanche. Pour sublimer ces fleurs magnifiques, rien de tel qu’un vase aux formes élégantes. Celui que nous soumet Christine est également le fruit d’une production locale : la fameuse faïence de Blois.La faïence représente à Blois est un siècle de production. Cette tradition commence avec Ulysse Besnard, qui ouvre sa première fabrique en 1862. Les créations de Besnard rencontrent rapidement le succès, tant auprès des amateurs locaux que des collectionneurs anglo-saxons en voyage dans la Vallée de la Loire. A l’ombre du château royal, le faïencier blésois reprend les emblèmes des monarques et les symboles de la Renaissance : il n’est pas rare de trouver des pièces décorées de salamandres, de chimères, ou de fleur de lys. Il forme de nombreux élèves, parmi lesquels Emile Balon. Celui-ci succède à son maître de 1886 à 1929, date à laquelle un de ses gendre, Gaston Bruneau, reprend les rênes de l’entreprise. Les ateliers, qui signent désormais leurs créations « G. Bruneau-Balon », connaissent un succès non démenti jusqu’à leur fermeture en 1953.
Le vase de Christine est signé par Gaston Bruneau ; il est donc postérieur à 1929. Dans un style caractéristique des années 1920-1930, il allie simplicité de la forme et décor animalier. Ce style dit « Art Déco » triomphe lors de l’Exposition international des Arts décoratifs à Paris en 1925. Le règlement de l’exposition est très strict : « On n’acceptera que les ouvrages originaux qui montreront une tendance bien marquée au renouvellement esthétique de la forme. Les imitations d’anciens styles et les productions industrielles dénuées d’inspiration artistique ne seront pas admises. ». L’Art Déco s’impose alors aussi bien en architecture que dans les Arts décoratifs, et se propage partout dans le monde : de l’Europe à l’Amérique du Nord… en passant par Blois !
Reposant sur un pied douche, le col du vase de Christine s’ouvre comme une tulipe, tandis que la faïence présente une polychromie de peintures bleues et or. L’intérieur est entièrement peint de couleur or. Son décor figure une troupe de lionnes se préparant pour la chasse. Sous les pattes des félins une frise de motifs en spirale lui confère une délicate touche à l’antique. Classique et sobre, ce vase renouvelle les canons de l’élégance.
Les faïences de Blois rencontrent toujours le succès, localement, et également au-delà des frontières régionales. Si les pièces les plus prisées sont les créations du XIXème siècle, la production Art Déco jouit d’un large panel d’amateurs. Le vase de Christine pourrait donc trouver preneur entre 150 et 200 € lors d’une vente aux enchères. Une belle occasion de faire plaisir à toutes les mères !