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Des coupes en cristal pour un weekend de fête

Samedi 21 mai 2022

par Philippe Rouillac

Cette semaine, Françoise nous propose six coupes de champagne. L’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire un peu plus sur ces fleurons de l’art de vivre à la française et sur leur valeur.

En cette semaine du festival de Cannes, et par ces fortes chaleurs, quoi de plus agréable qu’une coupe de champagne bien frais ? Associé à la fête, au luxe et à l’insouciance, le vin de Champagne a acquis, depuis son invention au XVIIème siècle par le chanoine dom Pérignon, une réputation mondiale qui fait de lui un essentiel des soirées mondaines et fêtes de famille. Protégé par une AOC jalousement défendue, le champagne est l’un des symboles les plus connus du terroir et du luxe français, et peu de gens osent contredire Georges Sand lorsqu’elle suggère, en fine connaisseuse, que « le champagne aide à l’émerveillement » !

Pour déguster un tel breuvage dans les règles de l’art, il lui faut un contenant digne, qui mette en valeur la finesse de ses bulles : la coupe à champagne. La légende veut que le premier modèle de coupe ait été moulé sur le sein de Marie-Antoinette, mais il semble plutôt que la coupe soit une invention anglaise du XVIIème siècle. Parfois remise en question par les œnologues qui lui reprochent que son fort évasement laisse échapper trop rapidement bulles et arômes, la coupe reste un symbole de bon goût ancré dans l’imaginaire collectif. Héritée des représentations mondaines de la Belle-Époque, sur lesquelles élégantes et dandys trinquent allègrement, l’image de la coupe de champagne conserve aujourd’hui toute sa force, malgré le succès grandissant de la flûte.

Les coupes sont généralement faites de cristal. Celui-ci se distingue du verre par sa forte teneur en plomb, 23% minimum. L’ajout de plomb au verre lui confère une grande tendreté et un point de fusion moins élevé, ce qui rend son travail plus facile et sa taille plus aisée. Il est possible de travailler le cristal de différentes façons (biseau, taille diamant…) mais aussi de le graver et le ciseler finement. Le cristal est également plus lumineux et possède une sonorité spécifique, ce fameux tintement reconnaissable entre tous. De grandes verreries sont célèbres pour leur cristal, comme par exemple Baccarat, Daum, Lalique ou encore Saint-Louis. Ces maisons prestigieuses ont fait de la coupe en cristal une véritable œuvre d’art, qui, associée à un champagne délicat, représente le fleuron du savoir-faire culinaire et industriel de notre pays. Un savoir-faire qui s’exporte sur les plus grandes tables du monde.

Les coupes de Françoise, se rapprochent de celles dites « champenoises » ; elles ont probablement été fabriquées par la grande maison de verrerie Baccarat, célèbre dans le monde entier pour la qualité de son travail. Créée en 1764 en Lorraine, la cristallerie Baccarat continue aujourd’hui encore de produire des pièces appréciées de tous. La certitude que les coupes de Françoise soient bien de Baccarat est soumise à la présence ou non, sous le pied, de la marque de fabrique : signature dans un rond. Ce modèle soufflé à la bouche est aux pieds à pans coupés. Il est taillé à la main, mais non gravé, et a été produit de la fin du XIXème siècle jusqu’aux années 1920. Si ces coupes ne sont pas rares, elles sont en revanche appréciées des amateurs, et leur état général semble plutôt bon. Votre sixaine pourrait donc trouver preneur aux alentours de 150 €, loin du modèle recherché dit « Harcourt » qui s’échange pour le prix d’une ! En attendant de les vendre, Françoise, offrez donc une coupe à vos invités, avec modération bien sûr. Santé !
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