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Méritez-vous plutôt une « Récompense » ou une « Punition » ?

Samedi 14 mai 2022 à 07h

par Aymeric Rouillac


Cette semaine, Karine à Anglet nous soumet une paire de bronzes intitulés « Récompense » et « Punition », d’Auguste Moreau. Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, nous éclaire sur la différence entre sculpteur et fondeur de bronze, tout en nous précisant la valeur de ces œuvres.

Issu d’une grande famille de sculpteurs, Auguste Moreau (1834-1917) embrasse la vocation de son père et de ses frères en produisant de nombreux bronzes d’art. Parmi ses thèmes de prédilection, on retrouve beaucoup d’allégories, des scènes antiques ou encore des figures enfantines. S’il expose régulièrement au Salon entre 1861 et les années 1910, Auguste est cependant le seul de la célèbre fratrie Moreau à ne recevoir aucun prix tout au long de sa carrière. Ses fils suivront la voie de leur père, en devenant sculpteurs à leur tour.

La « Récompense » est ici représentée par une jeune enfant sage, lisant, le sourire aux lèvres. Elle porte au bras une couronne de lauriers, symbolisant probablement de bons résultats scolaires et une attitude exemplaire. Quant à la « Punition », c’est sous les traits d’un garçon à la tenue débraillée et pleurant qu’elle est figurée. Le jeune coquin porte à la main ce qui pourrait bien être la preuve de ses mauvaises notes à l’école ; et il a été châtié en conséquence. « Il n’y a point de hasard ; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance. » nous dit Voltaire dans son Zadig. Comme le conte du philosophe a vocation à initier les jeunes gens du XVIIIème siècle, ces bronzes ont été créés pour insuffler aux enfants que la bonne conduite est toujours récompensée, et l’oisiveté punie.

Au XIXème siècle, la fonderie d’édition se développe à grande vitesse. Souvent attirés par de nouveaux revenus et une large publicité, les artistes se laissent séduire par les sirènes de l’industrie qui multiplie à l’infinie leurs créations. Les fondeurs deviennent des artistes à part entière, car ils sont capables de réaliser les demandes du sculpteur à la perfection, tant sur la forme, que sur la ciselure ou la patine du bronze. On peut citer dans les grands noms de fondeurs du XIXème siècle les frères Susse, les frères Thiebault et bien sûr Ferdinand Barbedienne.

Les deux bronzes de Karine porte le nom Du Bois sur la base. Cela semble étonnant, car d’habitude la base est plutôt réservée à l’artiste. Peut-être s’agit-il du cachet d’un fondeur, mais il se peut que ce soit également le nom du commanditaire de ces sculptures. Les reproductions de la « Récompense » et de la « Punition » sont nombreuses, et beaucoup de fondeurs les ont rééditées. S’ils ne sont pas rares, les bronzes de Karine peuvent trouver preneur en salle des ventes aux alentours de 250 €. Toutefois, à l’approche des examens de fin d’année pour de nombreux étudiants, il est toujours bon de se rappeler du précieux message de nos bronzes !
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