Les broderies royales de la collection Fruman
Dimanche 29 mai 2022
vidéo avec Guillaume Kientz, président de The Hispanic Society of America
Entretien avec M. Guillaume Kientz, Président de The Hispanic Society of America, New York
Ma rencontre avec les Fruman
J’ai connu les Fruman quand je n’étais encore qu’un jeune conservateur. J’avais en charge les monuments historiques -immeubles et objets- de la région Auvergne. Ils caressaient à ce moment-là l’idée de faire une importante donation d’une partie de leur collection à l’État pour être installée au Trésor de la cathédrale du Puy-en-Velay. J’ai participé à concrétiser ce beau projet, de son étude à son inauguration en passant par la finalisation de la donation.
Leur collection au Puy-en-Velay
Leur collection est non seulement majeure mais unique. À bien des égards ils ont été pionniers dans l’appréciation moderne des broderies anciennes, avec une curiosité qui force l’admiration et inspire l’humilité aux plus grands spécialistes. J’ai énormément appris à les fréquenter et à fréquenter leurs découvertes. En outre, ce ne sont pas des collectionneurs rêveurs, leur enthousiasme ne prend jamais le pas sur la rigueur scientifique. Leur approche est d’une honnêteté et probité intellectuelle qui pourraient en inspirer beaucoup.
Leur collection dans la vente
Depuis notre rencontre, en 2008 je crois, nous nous voyons régulièrement. Pas autant que je le voudrais bien sûr depuis que je vis aux États-Unis. Mais j’ai suivi avec attention leurs dernières folies, au bon sens du terme !
Les broderies espagnoles du XVIe siècle
À leur contact et au contact de leur collection j’ai eu l’occasion de publier un article sur leurs broderies espagnoles. Cela m’a vraiment ouvert un monde, ainsi qu’à beaucoup d’autres. Leur contribution à la connaissance de l’art ibérique est grande, mais nous n’en n’avons pas encore mesuré toute l’importance. Nous avons toujours un article en préparation sur les broderies peintes dans la Messe des Trinitaires de Carreño de Miranda, au musée du Louvre. Un jour que je regardai le tableau avec attention, je me suis dit: « ces broderies, c’est sûr qu’elles existent. C’est typique des broderies du XVIe siècle de l’Escorial. Tout ce que je savais je l’avais appris de Daniel et Josiane et évidemment, à peine j’avais envoyé mon e-mail qu’ils me répondaient avec les photos précises sur les pièces en question ! »
De nouveaux collectionneurs ?
Une partie de la collection Cougard-Fruman est aujourd’hui au Trésor du Puy, j’espère que ces pièces vendues aux enchères éveilleront chez d’autres collectionneurs la même passion et générosité que j’ai rencontrées chez Josiane et Daniel. Qui sait si par des chemins détournés, ces incroyables pièces ne viendront pas à leur tour, plus tard rejoindre les collections d’un musée et susciter par la même l’émerveillement et l’édification d’un jeune conservateur… et de milliers de visiteurs !