Une sculpture qui ne vous laissera pas de marbre.

Cette semaine, Serge nous apporte un imposant lion en marbre (40 cm de haut sur 53 cm de long) de l’artiste milanais Egidio Pozzi (XIXème – XXème). Comment le marbre est-il travaillé ? Pourquoi la sculpture animalière plait-elle autant en France ? Notre Commissaire-Priseur, Aymeric Rouillac, se fait le maître des fauves et répond à nos questions.

La sculpture est l’une des plus anciennes formes d’art. Elle se réalise aussi bien sur un support minéral (pierre) que végétal (bois) ou animal (os, corne ou ivoire).

Pour le travail du marbre, le processus commence par la sélection d'une pierre pour la sculpture. L'artiste peut sculpter directement, sans modèle, ou à partir d’un modèle en cire ou en glaise. Le procédé de sculpture commence par le « dégrossissage », c’est-à-dire la suppression des plus grosses parties indésirables de la pierre. Pour réaliser cette opération, l’artiste emploie un burin (ou broche), un ciseau de tailleur de pierre et un maillet. La deuxième étape consiste à affiner les contours de cette première ébauche à l’aide de la gradine, un ciseau effilé à plusieurs dents. Cet outil est généralement utilisé pour ajouter de la texture à la figure. Puis l’artiste finalise les formes de son œuvre avec une râpe et un rifloir. Enfin, il procède au polissage avec une toile émeri. Parfois, l’artiste emploie des oxydes de fer pour donner de l’éclat à ses productions.

Le lion de notre lecteur date du XIXème siècle. À cette époque, la sculpture animalière connait son âge d’or avec des artistes bronziers, comme Mène ou Barye. L’œuvre de notre lecteur est un lion en marbre crème, moucheté de gris par l’artiste milanais Egidio Pozzi (XIXème – XXème). Ce lion, l’aspect poli et presque brillant est le fruit d’une finition à la toile émeri. En revanche, la base est laissée brute, avec des marques d’outils de façon à imiter le sol, et créer ainsi un remarquable contraste. La posture du félin est dynamique, sa partie antérieure est en tension alors que sa partie postérieure semble encore lâche. Aurions-nous dérangé le fauve dans sa sieste ?

Même s’il s’en émancipe, l’homme demeure un animal et reste fasciné par ses congénères. Cet intérêt pour le sujet animalier se traduit à toutes les époques, dans toutes les zones géographiques et sous toutes les formes artistiques. Ces œuvres traversent les siècles et occupent des places de choix dans plus grandes collections, tel l’Ours assis (Dynastie Han occidentaux, 206-25 av J.-C) de la Collection Al-Thani, actuellement exposé à l’Hôtel de la Marine à Paris. Mais la France est le seul pays où ce sujet connait un tel engouement. Cette tradition se perpétue aux XX ème et XXI ème siècles avec des artistes comme Pompon, Bugatti ou les époux Lalanne.

Une statue particulièrement spectaculaire comme celle de Serge se vend aux enchères à un prix avoisinant les 2000 €. L’occasion de rugir de plaisir !