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Bas les masques… avec un paravent en laque de Chine !

Samedi 12 mars 2022 à 07h

Cette semaine, Silvère propose un objet très exotique à notre commissaire-priseur Aymeric Rouillac : un paravent en laque de Chine.



Après les bouddhas en bronze doré et la porcelaine bleue et blanche, les paravents en laque sont probablement les objets les plus emblématiques des arts de la Chine. Ce grand écran composé de huit feuilles présente un riche décor de scènes de palais dans un entourage de vases et autres sujets mobiliers. On y voit, comme sur une tapisserie ou un vitrail européen, des personnages évoluant au milieu de pagodes sur un fond noir en laque.

Mais qu’est que la « laque », qu’il ne faut pas confondre « le » laque ? « Le » laque correspond à une catégorie d’objets alors que « la » laque décrit une technique très particulière de décoration. Il existe une laque d’origine animale et une d’origine végétale. La laque animale provient de sécrétions d’insectes vivants sur certains arbres d’Inde, Birmanie Indochine et Siam. Les œufs de ces insectes sont soudés entre eux par une épaisse sécrétion qui séparée du support végétal, lavée, tamisée puis fondue, constitue la laque. La laque d’origine végétale, de Chine ou du Japon, provient de la sève d’arbres qui sont saignés et dont on récupère l’exsudat dans des jarres au bout de cinq mois ! On obtient ensuite un latex crémeux, qui noircit rapidement, auquel on ajoute deux substances : un alcool et un mélange de gomme.

Cette précieuse laque a l’avantage de protéger les meubles des insectes xylophage, et surtout crée un poli extraordinaire. Dans les années 1930, de Paris à New York, les designers du mouvement « Art-Déco » revisitent avec virtuosité cette technique ancestrale chinoise. Mais, notre paravent n’est pas Art-Déco. Il est plutôt typique des laques dites « de Coromandel ». Coromandel désigne la partie de la côte orientale de l’Inde baignée par le Golfe du Bengale, par les ports de laquelle étaient transférés ces précieux paravents au XVIIIe siècle. Sachez toutefois que l’on a continué à faire des paravents à la manière de Coromandel jusqu’au XXe siècle.
On reconnait les laques de Coromandel à l’épaisseur de leurs décors. Le bois est en effet recouvert d’une couche de craie ou d’argile, puis d’une épaisse chape de laque noire. Le décor est alors gravé, de sorte que les contours noirs du dessin restent en relief. Les parties creuses sont ensuite peintes à la détrempe et ressortent entre les contours noirs en relief. C’est ce qui donne cet aspect si animé, si profond à ce décors.
En ce qui concerne votre beau paravent en laque de Coromandel, il serait nécessaire de réaliser un examen physique afin de le dater avec certitude. S’il s’agit d’un travail de qualité du XXe siècle, nous pourrions articuler un prix autour de 600 euros, mais bien davantage s’il a été réalisé deux siècles plus tôt sous le règne de Qianlong. Et ne vous en faîtes pas : bien que les masques tombent lundi prochain, vous pourrez toujours vous protéger derrière votre paravent en cas de besoin !
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