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Un fier guerrier kabyle au repos

Samedi 29 janvier 2022 à 07h

Monsieur R.T de Blois nous a apporté une statue représentant un guerrier kabyle. Cet objet, souvenir familial, est acquis par son père vers 1933 durant son service militaire en Algérie. Qui sont les kabyles ? Comment est faite cette statue ? Notre Commissaire-Priseur, Philippe Rouillac, répond à nos questions.



Les Kabyles, de l’arabe qabila « famille, tribu » sont originaires de Kabylie, une région montagneuse au Nord de l’Algérie. De culture berbère, les Kabyles sont connus depuis l’Antiquité pour être un peuple indépendant s’illustrant dans de nombreux combats. Une réputation que les troupes françaises ont l’occasion d’éprouver lors de la Conquête de l’Algérie par le fils de Charles X en 1830. Le guerrier kabyle est une unité légère. Il est simplement armé d’un pistolet à silex et de deux armes traditionnelles : la Flissa (sabre kabyle) et d’un Moukhala (fusil). Les pertes qu’ils causent à l’armée française et leur désir d’indépendance déjà à l’encontre du Dey d’Alger, provoquent dans les troupes ennemies, effroi et fascination.

Une fascination qui n’échappe pas aux artistes français, pour qui les sujets kabyles suscitent un vif intérêt au XIXème siècle avec les mouvements du Romantisme et de l’Orientalisme. Écho de la révolution française, les grandes figures de résistants héros de l’Algérie, font l’objet de nombreuses représentations. L’intérêt ne décroit pas et les représentations continuent tout au long du XXème. Elles se traduisent en peinture par des compositions colorées aux larges aplats et en sculpture par des œuvres en intéressantes. Les sculpteurs emploient différentes techniques tel, la sculpture d’onyx ou de marbres mais aussi la terre-cuite, la terre de pipe ou le plâtre pour des œuvres mineures. La technique de la terre-cuite emploie une argile qui est modelée puis cuite à basse température. Les œuvres recourant à cette technique sont reconnaissables à leur coloration rouge, orange ou brune due à la présence d’oxyde de fer. La terre de pipe emploie quant elle une argile blanche. Ce type d’argile rentre dans la composition de la faïence dès la fin du XVIIIème. Sa couleur est due à la présence de calcaire. Les œuvres en terre de pipe sont modelées puis cuites à basse température. Une fois achevées, les pièces doivent être couvertes d’émaux de couleur et d’un vernis plombifère transparent puis cuit une seconde fois à une température encore plus basse. Le plâtre est une poudre obtenue par du gypse (parfois appelé pierre à plâtre) calciné et broyé. Il est mélangé avec de l’eau et forme une pâte qui peut ensuite être moulée.

Debout, les jambes croisées, le fusil à la main et l’air songeur…La statue de notre lecteur est un guerrier en terre-cuite polychrome probablement de la seconde moitié du XIXème. Il mesure 74 cm de hauteur. Le guerrier porte une coiffe traditionnelle, une chemise manches trois quarts recouvert d’une cape et d’un pantalon resserré aux genoux. Il est ceint d’une large ceinture compartimentée retenant ses armes et une poire à poudre. Ces pieds nus indiquent qu’il s’agit non d’un cavalier mais d’un fantassin. Elle est signée Joseph Le Guluche (1849-1915) et porte l’inscription sur son socle « Guerrier Kabyle ». Joseph Le Guluche est un sculpteur français qui produisit pour les manufactures de Villenauxe-la-Grande (Aube) et de l’Isle-Adam (val d’Oise) des sujets populaires. Œuvre non unique mais produite en multiples éditions, ces statues peuvent dépasser les 1 000 € si elles sont en bon état. De quoi s’offrir un voyage en Kabylie pour y contempler les montagnes.
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