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Un grand buffet pour de grandes tablées

Samedi 18 décembre 2021

Jean-Claude de Blois propose un buffet à deux corps en noyer de style Henri II. Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, donne son avis.

Noël approche et avec lui son lot de délicieux repas ! À cette occasion tout le monde s’affaire à la maison. Et parmi tous ces préparatifs il y a … le dressage de la table. C’est alors le moment de sortir du buffet son plus beau service. Même s’il « reste à avoir bon cœur et ne s'étonner de rien » pour reprendre la formule d’Henri II, l’étonnement peut parfois survenir au moment de ranger la vaisselle… il n’y a plus de place ! Mais heureusement, le grand buffet à deux corps dans la salle à manger sauve la mise. Mais nos objets n’ont pas toujours été aussi faciles à ranger.

Le terme buffet apparaît au 16e siècle

Jusqu’à la fin du Moyen Age, la Cour est itinérante et arpente le Royaume, obligeant ses membres à avoir des affaires facilement transportables. Les repas ne sont pas pris dans une pièce spécifique mais dans n’importe quelle partie de la demeure où l’on dresse une planche sur des tréteaux (d’où l’expression dresser la table). À cette époque, le buffet n’existe pas encore et la vaisselle est rangée dans des coffres. Ce n’est qu’au moment où la Cour commence à se sédentariser vers le XIVème siècle que les grands vont orner leur demeure de riches décors et de grand mobilier. Le coffre est superposé à un autre ou est surélevé, il prend alors le nom de dressoir. Son ornement change également et passe de panneaux austères à de riches panneaux ornés de portraits, scènes et motifs. Le dressoir va moins remplir un rôle de rangement qu’un rôle d’exposition. En effet, le dressoir permet au moment d’accueillir un hôte de qualité de mettre en valeur les plus belles pièces d’argenterie du maître des lieux. Le terme de buffet en armoire à un ou deux corps au sens où nous l’entendons n’est employé qu’à partir du XVIème siècle. Son rôle évolue pour devenir un meuble de rangement qui occupera les salles dites à manger et les cuisines, mais également les chambres et les salons.

Un buffet de 2,45 m de hauteur

Le meuble qui nous est proposé par notre lecteur occupait justement un hôtel-restaurant. Il n’est cependant pas de style Renaissance mais Henri II dit néo-renaissance. Le nom de ce Roy de la Seconde Renaissance - qui meurt embroché non par une broche à rôtir comme pour la dinde le soir de Noël, mais d’une lance au cours d’un tournoi à Paris en 1559 - désigne les meubles de style Néo-Renaissance (1830-1880) produits au milieu du XIXème siècle. Le buffet de notre lecteur pourrait dater de cette période. Cet imposant meuble d’une hauteur de 2,45 m, se compose de deux corps. La partie haute s’ouvre par deux portes vitrées garnies de rideaux jaunes découvre trois étagères. Le sommet du meuble est richement orné de frises de rai-de-cœur, d’oves, mais également de grappes de raisin, de feuilles de vigne et de rinceaux. Les montants sont en colonnes torses adossées terminées par un chapiteau corinthien. La partie basse ornée de vigne s’ouvre par deux vantaux ornés de trophées de chasses. Cet ornement se retrouve sur un autre meuble : l’armoire à fusils. Très proche du buffet à deux corps, il est identique dans sa structure et sa décoration, à la différence près que les étagères de la partie haute du meuble sont percées de trous pour laisser passer le canon du fusil.
Que ce soit pour ranger de la vaisselle ou des fusils, il vous est possible d’acquérir un meuble similaire pour un prix aux enchères avoisinant les 250 €. De quoi ranger votre vaisselle et celle que l’on vous offrira pour passer sereinement de merveilleux réveillons.
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