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Miroir, Miroir …Ô mon beau miroir…

Samedi 20 novembre 2021 à 07h

Cette semaine Bernadette nous propose un miroir de cheminée. Comment a-t-il était réalisé ? L’une des 29 nouvelles candidates Miss France s’y contemplera lors de la Grande Finale ? Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous fait part de son avis.



L’histoire du miroir remonte au siège de Syracuse, gagné par Archimède, qui à l’aide à de miroirs ardents, aurait enflammé du bitume ! De l’Antiquité jusqu’au début du Moyen âge, les miroirs sont des plaques de métal, en général du bronze, de forme convexe et polis. C’est au XIIIème siècle que la technique évolue en utilisant une surface de verre sur laquelle est posée une plaque de plomb ou d’argent poli. Mais le génie humain ne s’arrête pas là ! Voici qu’apparait au XVème siècle les célèbres miroirs au mercure. Élaboré par les artisans miroitiers vénitiens, sur la très surveillée île de Murano, le miroir au mercure est créé lors d’un processus appelé étamage. L’étamage consiste en l’application sur une plaque de verre, de feuilles d’étain qui seront poncées, lissées puis recouvertes de mercure.

L’ensemble de l’ouvrage est maintenu sous une pièce de laine et une masse de fer pendant un à deux jours. Le lendemain, la pièce sera mise à la verticale pour en retirer l’excès de mercure. L’inconvénient de cette technique est qu’elle ne permet pas de produire de grands formats. Les plaques de verre employées sont issues de cylindres de verre soufflé incisés et mis à plat sur une pierre. Le secret de la création du miroir, gardé jalousement par la Sérénissime, suscite bien des convoitises, poussant les autres États jusqu’à l’espionnage ! Jean-Baptiste Colbert, parvient en dépit des menaces qui pèsent sur les artisans vénitiens, à en faire venir en France. Ces artisans seront gratifiés de nombreux avantages économiques et fiscaux. En quelques années, la France avec sa Manufacture de Saint-Gobain créée en 1665, supplante Venise. Elle réussit, par la technique du coulage puis celle du verre laminé, l’exploit de produire des glaces de grandes dimensions comme celles décorant la Galerie des Glaces. Le miroir dépasse le simple objet de toilette et devient un véritable objet d’apparat. Ce dernier revêt, comme celui que nous propose notre lectrice, la forme grands miroirs qui orneront les dessus de cheminées. Ce miroir, bien loin de la plaque de métal, est un miroir au mercure ou en argenture.

Généralement posé sur une cheminée, il accompagne d’autres éléments tels une pendule, des vases, des torches. Il constitue un élément de la décoration d’un salon bourgeois au milieu du XIXème tel que Balzac pouvait en placer dans ses scènes de genre. Son cadre en stuc – c’est-à-dire en plâtre sur une surface en bois – mouluré et doré est arrondi aux angles supérieurs. Son décor, à motifs de fleurs et à filets de perles, représentatif du Style Louis-Philippe. Il est, par ses dimensions et la netteté de ce qu’il reflète, le fruit de siècles de recherches.
Cependant, les techniques utilisant le mercure sont longues, onéreuses et dangereuses pour la santé des artisans, dont les vapeurs sont extrêmes nocives. En 1835, les techniques qui y ont recourt sont prohibées et remplacées par des glaces au nitrate d’argent. Nos miroirs contemporains sont pour la plupart fabriqués avec de l’aluminium qui est aspergé en très fine couche sur la face inférieure de la plaque de verre.

Autrefois privilège d’une élite économique, les miroirs sont aujourd’hui à la portée de tous et toutes pour une centaine d’euros. Du miroir des rétroviseurs jusqu’aux selfis, le miroir et son effet sont devenus des éléments incontournables de notre quotidien.
Miroir, Miroir, dis-moi qui est la plus belle ? Nous sommes garants qu’avant le 11 décembre, la nouvelle Miss France en aura besoin !
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