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De la Terre à la Lune… avec Thomas Pesquet ?

Samedi 13 novembre 2021 à 07h

Cette semaine Gérard nous propose une bien mystérieuse pierre aux allures de météorites trouvée l’aide d’un détecteur de métaux. Comme Thomas Pesquet, a-t-elle fendue les cieux pour atterrir sur la Planète bleue ? Ou faut-il plutôt chercher dans notre passé pour trouver sa véritable origine ? Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous fait part de son avis.



Moins dangereuse que celle qui a provoqué la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années, ou celle qui a percuté la voiture d’une new-yorkaise en 1992, la roche que proposée mesurant 73 mm de long pour 206 grammes aurait bien pu faire partie des 10 000 tonnes de météorites qui s’écrasent chaque année sur Terre !

Les météorites sont ces corps solides venus de l’espace qui perdent 99 % de leurs masses en traver-sant notre atmosphère. Elles sont en général, le résultat d'une fragmentation d'un astéroïde lors d'un impact avec un autre astéroïde dans la célèbre « ceinture » située entre Mars et Jupiter. De chercheur de trésor à chercheur de météorite il n’y a qu’un pas ! Il est vrai que depuis l’antiquité on s’intéresse à cette pierre noire venue de l’espace. Avant d’être un objet scientifique, les météorites ont été des objets sacrés. Leurs chutes spectaculaires, la lumière intense et parfois sonores ont toujours fascinés l’homme. Parmi les ouvrages les plus fameux réalisés avec du fer météorique on peut citer la dague trouvée dans le tombeau de Toutânkhamon et les pointes de harpons d’Inuits réalisés à partir de la météorite du cap York qui s’est écrasée il y a 10 000 ans.

Hélas, il faut craindre que cet objet n’a pas fait la course avec notre astronaute national ! Un premier examen visuel suffit à écarter la piste de la météorite… Lorsqu’une de ces roches vient frapper notre sol, on retrouve sur celle-ci des signes caractéristiques : une fine croûte de fusion qui peut ressembler à une coquille d'œuf noire, des faces planes, des arrêtes émoussés… qui signent l’empreinte de son entrée dans l’atmosphère. Ici, rien de tel : plutôt des concrétions de matières et de roches carbonées, incompatibles avec un matériau extra terrestre.

Revenons donc sur Terre : si cet objet ne vient pas du ciel, vient-il de notre passé ? À l’instar du trésor gaulois de Tavers découvert en 2012, les effets de patines métalliques, bronzes, et brunes pourraient laisser croire qu’il s’agit d’un artefact Antique. Il convient néanmoins de rester prudent, la forme et les concrétions de matières de votre objet sont plutôt caractéristiques de la houille. Ce type de charbon proche de l’anthracite provient de la carbonisation d’organismes végétaux. Extraite dans des mines depuis le XIe siècle, la houille devient au XIXe siècle la source principale d’énergie ! Aujourd’hui en France, on retrouve en grande quantité des éléments de fonderie similaires.

Quoiqu’il en soit… prudence cher Gérard, si vous avez trouvé cette pierre à l’aide d’un détecteur de métaux. En plus d’avoir l’accord du propriétaire du terrain, il vous faudra veiller à respecter le code du Patrimoine. L’utilisation du matériel à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie est soumise en effet à une autorisation pré-fectorale… Ce morceau de houille que vous avez découvert est donc probablement un résidu d’une chauffe réalisé par un haut fourneau. Ainsi cher Gérard, ce ne sera pas « 3, 2, 1 décollage », mais 3, 2, 1 euro d’estimation pour cette petite pierre qui comme la fusée de Thomas Pesquet… nous aura fait voyager dans l’espace et dans le temps !
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