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Le clapo tic-tac des vagues

Samedi 09 mai 2015

Cette semaine, Monique écrit à Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, depuis Honfleur, en Normandie. Elle souhaite connaître l’estimation d’une « pendule de marine ».

En ce mois de mai constellé de grands week-ends, les plus chanceux d’entre vous sont allés – ou se rendront - à la mer. De la Baule au Tréport, combien de gîtes, restaurants et autres lieux touristiques sont-ils décorés dans l’esprit marin ? Rames, filets, flotteurs en verre, bois flotté sont autant d’éternels leitmotivs de la déco « bord de mer ». La mode y est pour beaucoup et entraîne la fabrication à grande échelle de meubles, objets et tableaux qui s’inspirent du milieu maritime. Sur les côtes bretonnes et normandes, les boutiques à souvenirs et magasins pour la maison regorgent de copies dont se régalent les touristes. Le collectionneur averti, quant à lui, prend soin de fuir ces lieux et chine avec patience l’objet rare et authentique. La pendule de Monique, inscrite dans un encadrement de hublot en laiton, est un grand classique du genre… Mais alors, objet rare ou contre façon asiatique ?

L’aspect général de cette pendule est de bon aloi. La « caisse » adoptant la forme d’un hublot circulaire de 19 cm de diamètre semble être faite dans un laiton de qualité. Le cadran n’est certainement pas en plastique mais bien en émail blanc. Il indique les heures en chiffres romains et les minutes par une succession de bâtonnets que l’on nomme « chemin de fer ». Il possède un trou qui permet le passage d’une clef nécessaire pour tendre le ressort qui entraîne le mécanisme. Observer donc les pendules modernes bas-de-gamme, jamais vous n’y verrez un tel orifice, elles fonctionnent à l’aide de piles ! Le cadran est en outre signé « Paul Garnier ».

Natif d’Épinal, Paul Garnier (1801-1869) commence sa carrière chez le célèbre horloger Lépine, à Luxeuil. En 1825, il installe son propre atelier à Paris et porte bientôt le titre envié d’ « Horloger du Roi ».Membre de la Société des ingénieurs civils, il est le père de nombre de brevets et d’inventions d’une grande complexité concernant la mécanique de précision. Il est aussi l’un des premiers à créer des horloges électriques. En parallèle de ses chefs-d’œuvre, il s’attache à réaliser des pendules de voyage de qualité, pour un prix modeste, les rendant ainsi accessibles à un plus large public. Il est également célèbre pour avoir équipé en horloges maintes gares françaises, dont celle de Vendôme ! Son fils homonyme, reprend l’affaire à la mort de son père. Amateur éclairé, il lègue au Louvre sa collection horlogère qui se trouve aujourd’hui exposée dans une salle portant son nom.

La pendule de notre lectrice est vraisemblablement l’œuvre de Garnier fils. Réalisée à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, elle est le fruit d’un travail de qualité. Pour en juger plus en avant, il nous faudrait cependant connaître quel type de mécanisme l’équipe. Une complication horlogère, telle qu’une montre à sonnerie, lui donnerait un prix. Les collectionneurs en sont friands ! De plus, Monique nous fait savoir qu’après l’avoir chinée en brocante, elle l’a faite restaurée par un horloger. En la remontant une fois par semaine, elle fonctionne parfaitement ! En bon état de marche donc, et avec un mécanisme basique, nous pouvons l’estimer entre 80 et 120 €.
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