FR
EN

Les diamants sont éternels, pas les modes…

Samedi 09 octobre 2021 à 07h

Cette semaine, Alain, de Blois, nous envoie la photographie d’un bracelet. Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, nous fait part de son avis.



Alors que Mourir peut attendre sort au cinéma, les bijoutiers cinéphiles se rappellent avec nostalgie de la scène jouée par Sean Connery et Jill St John dans le casino des Diamants sont éternels en 1971. Pourtant l’idée de « A diamond is forever » ne nait pas de l’imagination d’Ian Fleming, mais de celle de la société De Beers, presque dix ans plus tôt. Le prix du diamant débute autour de 12 000 euros pour un gramme et n’a presque pas de limite. Cette pierre composée de carbone a toujours été chère mais probablement pas autant qu’aujourd’hui. En effet, au Moyen-Âge ou pendant la Renaissance, il est très apprécié mais les pierres de couleurs et les perles le sont tout autant. Lorsqu’à la fin du XIXe siècle on découvre un énorme gisement de diamants en Afrique du Sud, ce dernier devient moins rare, et son cours aurait dû baisser. Avec une production mondiale d’environ trente tonnes par an, il est vrai que cette gemme est beaucoup plus commune que le rubis, par exemple. Las, grâce notamment à la publicité, le diamant devient au XXe siècle synonyme d’amour. D’Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany’s aux spots de De Beers au Japon, toutes les femmes du monde rêvent désormais de sa blancheur irradiante.

Le bijou que nous présente Alain est bien antérieur à la publicité du conglomérat sud-africain. Il est typiquement ce que l’on appelle un bijou de famille, un bracelet porté entre les années 1880 et 1930. Ce jonc en or 750 millièmes, aussi appelé dix-huit carats, comporte un fermoir qui permet de l’ouvrir en deux demi-cercles, retenus par une petite chaîne : la sécurité.

La qualité de l’or a de l’importance dans l’estimation d’un bijou. Trop malléable, l’or ne peut être utilisé pur. Ce sont les 25% de métaux ajoutés qui donnent les différentes couleurs : plus de cuivre pour de l’or rose, ou du palladium pour de l’or gris, par exemple. Quoi qu’il en soit, le fermoir doit être poinçonné d’une petite tête d’aigle qui assure de sa juste composition.

La partie visible sur le poignet de ce bracelet s’articule autour de deux lames d’or ajourées de motifs végétaux stylisés. Au centre, il dessine les pétales d’une fleur épanouie. Son pistil est figuré par un diamant retenu par des griffes. D’autres petits brillants ornent les différentes feuilles et pétales. Ce genre de modèle étant relativement fréquent, on imagine que son diamètre doit être de six ou sept centimètres et qu’il pèse environ vingt-cinq grammes. Il est rare que la qualité des pierres utilisées pour ce genre de pièce soit exceptionnelle. D’autres critères que la taille s’appliquent et les diamantaires parlent des quatre « C » : carat (le poids), colour (la couleur), clarity (la pureté) et cut (la taille). En outre, la demande asiatique a fait émerger récemment un nouveau critère : la fluorescence. Peu sensible à cet aspect en Europe, cette dernière n’est pas appréciée en Asie. Sur photo, impossible de juger de la qualité des pierres, mais d’expérience et compte tenu de leurs petites dimensions il n’y aura pas de surprise.

Sauf présence d’un poinçon de bijoutier célèbre, on peut estimer aux enchères le bijou d’Alain entre 750 et 1200 euros. Son style un peu désuet pour certains aura au contraire beaucoup de charmes pour d’autres. On l’imagine facilement au poignet de Léa Seydoux, dévoilé entre quelques gorgées de Vodka Martini…préparé au shaker, pas à la cuillère.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :