FR
EN

De Lucky Luke à Barbizon !

Samedi 11 avril 2015

Cette semaine, la rubrique « Trésors » dépasse non seulement les frontières de notre département mais aussi celles France. En effet, Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, répond à Carlos qui nous écrit du Portugal.

Cette semaine, la rubrique « Trésors » dépasse non seulement les frontières de notre département mais aussi celles de France. En effet, Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, répond à Carlos qui nous écrit du Portugal.

L’œuvre de Carlos représente des canards s’ébattant dans une mare. Située en sous-bois, elle est enserrée dans d’épais buissons. Cette composition accorde une place considérable à la flore, représentée au naturel. Difficile, de ce fait, de penser à un autre courant artistique que celui de l’école de Barbizon.

Né dans les années 1830,ce mouvement regroupe des peintres qui cherchent à fuir l’industrialisation qui les oppresse. La faune et la flore deviennent pour ces artistes une nouvelle source d’inspiration. Ces portraitistes de la nature forment bientôt une véritable colonie dont le fief est un petit village de la forêt de Fontainebleau : Barbizon. Et justement, Karl Bodmer, le père des « Canards » de Carlos, s’y installe en 1849. Ce peintre franco-suisse, ami de Théodore Rousseau et de Jean-François Millet, est un digne représentant de ce mouvement.

Mais, vous l’aurez remarqué, point de couleurs ni de relief dans cette œuvre… Car c’est une reproduction ! Imprimée en noir et blanc sur du papier, elle porte en bas à gauche la mention « Karl Bodmer pinx », qui signifie que cet artiste a peint l’original, et, en bas à droite, le nom de l’imprimerie qui a réalisé le tirage. Ce dernier est plus précisément une lithographie. Ce procédé permet la reproduction en de multiples exemplaires d’un tracé effectué à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire que l’on passe sous presse. Ainsi, il y a de fortes chances pour que cette œuvre ait été tirée en plusieurs milliers d’exemplaires ! Certaines reproductions, en tirage limité, signées de la main de l’artiste et numérotées peuvent avoir une certaine valeur. Ce n’est malheureusement pas le cas ici. Comptez 10 € en brocante.Il vous faudra vous rendre outre Atlantique, jusqu’à la National Gallery of Art de Washington pour admirer l’original. Car notre artiste a lui aussi voyagé !

Une traversée vers le Nouveau Monde que Bodmer effectue en 1832, accompagné du scientifique Maximilian zu Wied-Neuwied. Leur expédition dans le Nord-Ouest américain dura deux années. Pour la première fois, cette immense contrée était explorée conjointement par un naturaliste et un artiste. Remontant le cours de l'Ohio puis du Missouri, ils traversent des territoires inviolés, rencontrant bêtes féroces mais également nombre de tribus indiennes comme les Sioux. Les aquarelles très détaillées que fait Bodmer de ces indigènes (vêtements, outils, objets, habitations, rituels etc), accompagnées de descriptions précises vont façonner l’image que l’Occident se fait des Indiens. Le peau-rouge, paré de plumes, chassant le bison à cheval, c’est lui ! L’œuvre que laisseront ces deux hommes, Voyage dans l’intérieur de l’Amérique du Nord exécuté pendant les années 1832, 1833 et 1834, est d’une importance ethnographique et historique considérable. Les amateurs de Lucky Luke en savent quelque chose !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :