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Dernier acte pour les Calder de Quenault

Mercredi 20 octobre 2021

par Aymeric Rouillac

REDÉCOUVERTES EN 2008

La vente de ces sculptures offertes par l’américain Alexander Calder à un jeune tourangeau de l’usine Biémont est le dernier acte d’une longue histoire qui démarre au début des années 1970. Prenant en sympathie Christian Quenault, tout juste âgé de vingt ans, qui l’assistait jusque dans son atelier de Saché, notamment pour souder et faire du rangement, Calder lui offre dans des caisses en bois ce qu’il présente alors comme « un vieux cadeau ». Le temps passant, les caisses aux fils de fers entortillés sont oubliées dans une cave familiale humide. Elles sont ressorties à l’occasion de la splendide exposition « Calder en Touraine », organisée par feu l’ami Alain Irlande au château de Tours en 2008.

Las… la Fondation Calder, qui réunit les intérêts des descendants du sculpteur, demande la saisie des œuvres et leur destruction pour contrefaçon. Le marathon judiciaire qui s’ensuit dure huit ans. Il se termine devant la Cour de Cassation, la plus haute juridiction française, laquelle déboute définitivement la Fondation en 2015. L’arrêt de la cour d’Appel de Paris est ainsi confirmé, lui qui concluait : « à l’issue d’une instruction particulièrement complète, tant préparatoire qu’à l’audience, rien ne permet d’établir sérieusement que les œuvres contestées seraient des contrefaçons et qu’elles n’auraient pas été remises à titre de libéralité par Alexander Calder à Christian Quenault ».

ACQUISITIONS MUSÉALES

Après avoir présenté aux enchères cet ensemble de sculptures par groupes de trois depuis 2019, mais aussi lors de ventes privées, voici venu le moment de présenter les derniers témoignages de cette histoire étonnante. Le musée des Arts Forains, représenté par Jean-Paul Favand, a été le premier à acquérir des pièces du Cirque, montrant par là même que les arts circassiens participent pleinement de l’aventure de l’art moderne. Une collectionneuse privée tourangelle, mais aussi un marchand d’art londonien ou encore une collection d’entreprise lyonnaise lui ont à leur tour emboîté le pas. Reconnaissant le travail de l’artiste derrière la patine oxydée, ils ont pris le parti d’enchérir sur des sculptures « attribuées à » Calder, conformément à la réglementation, ce qui permet de tenir compte de la divergence d’opinion entre la justice française et une fondation américaine.

Les œuvres aujourd’hui offertes au feu des enchères sont les dernières que conservait Christian Quenault en Touraine. Deux acrobates rappellent les débuts de Calder, animant pour ses amis un fabuleux cirque au début de son séjour à Paris, dans les années 1920. Deux bougeoirs illustrent l’exercice d’entortillage de fils de fer qui marquait tant ceux qui ont côtoyé le sculpteur. Deux importantes sculptures, enfin, témoignent du travail commencé avec le groupe Abstraction-Création et montré en 1931 à la galerie Percier. Calder déclarait alors : « Devant ces nouvelles œuvres transparentes, objectives, exactes, je pense à Satie, Mondrian, Marcel Duchamp, Brancusi, Arp, ces maîtres incontestés du beau inexpressif et silencieux ».

ABSTRACTION CRÉATION

Il n’y aura plus d’autres « Calder de Quenault » présentés pour la première fois aux enchères. C’est maintenant l’ultime occasion pour les amateurs d’acheter une œuvre de l’un des plus grands sculpteurs du XXe siècle blanchie par la plus haute juridiction française. Leur mise à prix symbolique s’élève à 10.000 euros. Gageons que l’intérêt dans l’avenir pour ces pièces historiques sera à leur image : mobile et aérien !

Présentation par Aymeric Rouillac
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