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Des lettres manuscrites de Maurice Genevoix vendues aux enchères ce mardi à Vendôme

Lundi 27 septembre 2021

France Bleue Orléans, François Guéroult

Ce mardi après-midi, un lot de sept lettres manuscrites de Maurice Genevoix seront vendues aux enchères à Vendôme (Loir-et-Cher) : écrites en 1913, elles s'adressaient à René Maublanc, un condisciple de l'Ecole Normale. Une correspondance jusque là inconnue.


Ce sont des lettres inédites de Maurice Genevoix qui seront vendues aux enchères ce mardi après-midi 28 septembre à Vendôme, dans le Loir-et-Cher : des lettres qui datent de 1913, avant donc qu'il ne devienne l'écrivain de la Grande Guerre puis le romancier de la Loire, célébrés l'an passé lors de son entrée au Panthéon.

Il s'agit en fait d'une correspondance avec un de ses condisciples de l'école normale supérieure, René Maublanc, qui fut par la suite militant communiste, Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale et philosophe d'inspiration marxiste. René Maublanc est décédé en 1960, et c'est sa collection particulière qui va ainsi être cédée, dont ce lot de sept lettres manuscrites de Maurice Genevoix.

Le temps est moche, mais la Loire est divine" - Maurice Genevoix

"Ils ont 23 ans tous les deux, et ils échangent leurs premiers émois, raconte le commissaire-priseur Philippe Rouillac. C'est donc un Maurice Genevoix très intime qui se dévoile, d'une écriture régulière, sans rature et à l'encre bleue, avec beaucoup de points d'exclamation et de suspension. Ces documents dormaient dans un appartement parisien depuis plus de soixante ans !" C'est la première fois que de tels écrits de jeunesse de Maurice Genevoix sont vendus aux enchères.

Dans ses lettres, le futur écrivain parle évidemment, déjà, de sa passion pour la Loire, et de ses promenades le long des berges, quelle que soit la météo : "Le temps est moche, mais la Loire est divine (...) C'est une lagune insidieusement épandue sur les roseaux, je m'arrache avec précipitation en beuglant et j'attends la sensation... Elle arrive tout doucement : une fraîcheur qui s'insinue, qui gagne, qui caresse les orteils et qui finit par régner en maîtresse sous la gangue toute entière."

Vendre ces pépites du temps est pour moi très émouvant" - Me Philippe Rouillac

En cet été 1913, il épingle aussi les Parisiens qui viennent passer des vacances à Châteauneuf-sur-Loire : "Mon pauvre patelin est envahi depuis presque deux mois par une nuée de villégiatureux à bon marché ! J'ai trouvé des chauffeurs de taxi, des boutiquiers du Marais, la maîtresse d'un duc rastaquo-italien, des petits rentiers des bords de Marne, qui ont transporté au bord de la Loire leur petite bicoque en carton-pâte." D'autres passages évoquent l'aspect "primesautier et spirituel" de Maurice Genevoix, selon la formule de Me Rouillac : "Je vais après le dîner écouter avec résignation des gens très sérieux parler de la guerre des Balkans (...) Je fais durer longtemps mon verre de chartreuse pour avoir au moins l'illusion de consacrer des instants à une besogne digne de moi ; aussi quelquefois, j'en bois deux !"

La vente de ces "pépites du temps", inconnues jusqu'à ce jour, sera un moment particulièrement marquant pour Philippe Rouillac. "Personnellement, j'ai rencontré Maurice Genevoix lorsque j'ai été premier prix du concours général de français, en 1969, se remémore-t-il. Le premier prix, c'était de passer une année avec un écrivain, et j'avais choisi Maurice Genevoix. J'ai découvert un homme toujours affable, distingué, enraciné au bord de la Loire... J'étais jeune à l'époque, et là ce sont des lettres de sa jeunesse à lui : oui, tout cela est très émouvant."

Ce lot des sept lettres est estimé entre 200 et 400 euros. La vente aux enchères a lieu à la maison Rouillac, ce mardi 28 septembre à partir de 14h. Pour la petite histoire, Maurice Genevoix, dans ses fonctions de secrétaire perpétuel de l'Académie française, continua d'échanger avec René Maublanc, mais de manière très protocolaire, très loin de ces lettres de jeunesse écrites sans retenue et parfois avec humour.
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