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Du beau-père de César ... au beau-père de Bernard

Samedi 28 mars 2015

Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur, répond cette semaine à Bernard qui s’interroge sur l’histoire d’un bronze hérité de ses beaux-parents.

Le 24 août de l’an 79, Herculanum, une petite ville du sud de Naples, en Italie, va faire face à une véritable catastrophe. Le Vésuve entre en éruption et va bientôt la recouvrir d’une épaisse couche de boue brûlante, ensevelissant bâtiments, mobilier et êtres humains. Cette gangue de sédiments va protéger lesvestiges de cette cité, comme ceux de sa voisine Pompéi, pendant près de 700 ans. Depuis le milieu du XVIIIème siècle, période à laquelle des fouilles sont entreprises, ces sites ne cessent de livrer de beaux joyaux du monde antique.

En 1750, le creusement d’un puit commence en bord de mer, à deux pas de l’Herculanum antique. Les puisatiers n’auront jamais l’occasion de mener à bien leur ouvrage car, sous leurs pieds, se trouve la villa du beau-père de JulesCésar, bientôt décrite comme l’une des plus somptueuses du monde romain. Construite par Pison, homme politique riche et cultivé, cette demeure livrera de merveilleux décors peints, nombre d’objets précieux, un ensemble extraordinaire de 51 sculptures de marbre et 20 de bronze mais aussi une bibliothèque composée deplus de 1 800 rouleaux de papyrus. Seule bibliothèque antique qui nous soit parvenue dans son intégralité, elle donnera son nom à la maison : la Villa des Papyrus. Elle constitue un des plus formidables témoignages de la culture et du mode de vie de l'aristocratie romaine à cette époque.

Parmi les bronzes découverts, se trouve un « Mercure assis sur un rocher ». Chaussé de ses sandales ailées, cet attribut nous rappelle sa fonction de messager des Dieux. Et justement, sa posture, et notamment sa tête baissée, nous laissent l’imaginer se reposant, après avoir porté un message. Aujourd’hui conservé au Musée Archéologique de Naples, son socle de pierre, disparu, a été reconstitué. Le style de cette sculpture indique qu’il s’agit sans doute d’une copie romaine inspiré d'une œuvre en marbre de Lysippe, artiste actif entre 340 et 300 av. J.-C.ayant travaillé pour Alexandre le Grand. Copier des œuvres hellénistiques est une pratique très largement répandue dans l’ensemble du monde romain.

Les Romains ont copié les œuvres des Grecs et le monde moderne, depuis la Renaissance, a copié l’Art du monde Antique ! Rien d’étonnant, donc, à ce que le Mercure de la Villa des Papyrus, ait été découvert par les beaux-parents de Bernard dans le grenier de leur maison de famille. D’autant qu’une différence de taille existe entre les deux statues : l’originale mesure 1,15 m de haut, et celle de notre lecteur… 18 cm ! C’est donc une œuvre dite « d’après l’Antique ». Ce bronze à patine noire, est une reproduction fidèle (en réduction) datant probablement de la fin du XIXème siècle, vers 1880. A cette époque, le célèbre Barbedienne édite ce bronze mais sa « patte »n’est pas présente ici : la fonte n’est pas très fine et les détails absents.A cela s’ajoute une patine en très mauvais état. Comptez, de fait, une centaine d’euros pour ce bronze qui narre l’histoire d’une découverte, quant à elle, inestimable.
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