FR
EN

Bons baisers du XIXe siècle

Samedi 21 mars 2015

Cette semaine, Philippe soumet à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, la photographie d’une carte postale du XIXe siècle.

La carte postale ! Synonyme de vacances, ce petit échantillon du bonheur de celui qui l’envoie, en apporte tout autant à celui qui le reçoit ! Lorsqu’elles sont rares et anciennes, elles font le bonheur des cartophiles… Qui peuvent craindre la concurrence des philatélistes si elles comportent un timbre ! Mais elles n’ont pas toujours eu la fonction que nous leur connaissons aujourd’hui.
La première carte postale officielle française naît en 1873. C’est le modèle de de Philippe. À cette époque, elle a pour but l'envoi d'un message court, sans enveloppe. Un tarif spécial lui est d’ailleurs souvent réservé, permettant un acheminent rapide à moindre coût. Le succès est considérable si bien que 7 millions d'exemplaires s’écoulent durant la première semaine d’émission ! Il faut dire qu’avant la diffusion générale du téléphone, on s’en servait quasi quotidiennement un peu à la manière des textos d’aujourd’hui. Ainsi on s’écrivait, via carte postale, d’un quartier à l’autre d’une même ville pour, par exemple, fixer un rendez-vous pour le lendemain.

Ce n’est le cas de la carte de notre lecteur puisque qu’elle est envoyée à Bordeaux, depuis Orléans. Le cachet du bureau de poste en haut à gauche l’indique en toutes lettres et renseigne la date : le 31 mars 1876. Ceci se voit confirmé par l’oblitération du timbre qui porte le numéro 2740, soit le code postal d’Orléans. Le timbre nous offre, lui aussi, de précieux renseignements. Il est orné du profil de Cérès, déesse grecque de l’agriculture qui symbolise ici la République. Emis pour la première fois en 1849, il est abandonné lorsque Napoléon III monte sur le trône… Avant de faire son retour à la chute de l’Empire en 1870. La République est proclamée et le gouvernement doit imprimer des timbres au plus vite. On réutilise donc les planches de 1849 au type Cérès. Et ce sont ces timbres qui, via des montgolfières, vont permettre de relier Paris, assiégée par les Prussiens, à la Province. Le décor est donc strictement identique à celui de la première série. Seules les dentelures permettent de la différencier avec la seconde. Encore en circulation plusieurs années après cet épisode historique, avant d’être remplacés par le type Sage en 1876, ces timbres de l’émission dite « du siège de Paris » n’ont donc pas tous quitté la capitale en ballon ! La carte de notre lecteur, avec son timbre de 10 centimes de couleur bistre, en est un bon exemple. Sachant que 7 millions de ces cartes sont vendues lors de la semaine qui suit leur mise en circulation, imaginez un peu le nombre considérable d’exemplaires portant ce même timbre ayant circulé entre 1873 et 1876… C’est pourquoi, démunie de toute rareté, la carte postale de Philippe se négocie pour 1 € en brocante.

Reste un beau souvenir d’un certain âge d’or de ce type de correspondance, aujourd’hui révolu. En effet, l’année dernière, et pour la première fois de son histoire, la Poste a perdu de l’argent sur son activité courrier. La même année, le Canada a supprimé le portage du courrier à domicile, au profit de boîtes aux lettres collectives… Alors continuez donc de poster ces rectangles de plages paradisiaques !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :