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Un petit café ?

Samedi 28 février 2015

Cette semaine Xavier de Maves interroge Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur sur « des tasses anciennes…qui viennent d’une famille de la haute noblesse ».

L’Homme de tout temps et sous toute latitude a fabriqué des objets pour sa vie quotidienne, principalement des récipients en vue de se nourrir. Après avoir creusé les troncs d’arbre, taillé la pierre, cousu des peaux de bêtes, il a recueilli de la terre. Une terre préparée, mélangée, façonnée et enfin cuite. Ce sont les arts dit du feu, regroupés sur le thème général de céramique. La grande caractéristique est l’imperméabilité des pièces confectionnées. Si la maîtrise de la faïence est ancienne il faut attendre le XVIIIe siècle en France pour percer le secret de la fabrication de la porcelaine. A partir du kaolin, argile blanche, terre légère fine, issue de la décomposition du feldspath, l’on façonne une pâte laissant passer la lumière. Les premiers essais concluant eurent lieu à Saint Yriex près de Limoges. Secrets et techniques vite repris àVincennes qui fut le berceau de la Manufacture royale de Sèvres. Sèvres sous protection de Louis XV à la demande de la marquise de Pompadour fut depuis 1756le lieu de production d’excellence des porcelaines françaises. Toujours en activité elle produit toujours les cadeaux officiels de la République comme elle le faisait sous l’Empire et la Royauté : les fameux vases en bleu deSèvres offerts par les Présidents de la République. Que de production depuis, avec ce label mondial : « c’est du Sèvres » !

Les deux tasses en porcelaine sont fines, elles doivent être très légères, la pâte translucide. L’aspect est vitrifié par un émail particulier dit « couverte », et ne se raye pas contrairement à la faïence. Blanches et or avec bordure dites listel au pied et sur le bord de façon échancrée. Le décor se limite à une initiale « G » sur des entrelacs. Elles portent une excellente marque de couleur verte : un « S » suivit de « 60 ».Il s’agit d’une production de Sèvres, pour le « S » sous le second Empire, précisément en 1860 pour « 60 ». Ce récipient peu évasé, réceptacle étroit, est caractéristique d’une tasse à café. Les tasses de Xavier ne sont pas rares : services abondants, cadeau de mariage type, complétant le service de table. Façonnées quasi industriellement au moule, elles ne sont pas plus recherchées des collectionneurs : absence de décor particulier, ou d’émaux de couleurs. Et malheureusement orphelines et sans tous tasses elles peuvent être chinées en bon état - sans fêle - pour moins de 20 €. Éléments d’un service, de 12 pièces minimum avec sucrier, pot à lait, et verseuse - plus bourgeois qu’aristocratique. Les couronnes en général ornaient les tasses des grands salons. Néanmoins, ces tasses ont été sans doute le témoin de bien de conversations, de secrets : « Vous prendrez bien un petit café ? »...Tendez l’oreille à Balzac, ou Labiche…les tasses vous parlent !
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