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Le moulin de la galette

Samedi 07 février 2015

Un lecteur nommé Bernard a trouvé il y a une quinzaine d‘années sur la brocante de Cour Cheverny « un petit tableau au crayon de couleur sur un support de carton dons la signature est Bernard Buffet 56 » d’une hauteur de 60 cm et de 30 cm de largeur. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à sa demande de renseignements.

Bernard Buffet est l’un des peintres français les plus connus du grand public dans la seconde moitié du XXe siècle. Né en 1928 à Paris, et décédé dans le Var 71 ans plus tard, il est remarqué dès 1947 par le peintre d’origine blésoise Bernard Lorjou.Il incarne aux yeux des amateurs la voie de la peinture réaliste, en réponse au développement de la peinture abstraite, qui est alors massivement rejetée. Son style bien identifiable est fait de gris sales, griffés de traits noirs et agressifs. Au-delà du rejet de l’abstraction, le succès de sa peinture est dû à trois facteurs : 1- le souvenir des privations et horreurs de la guerre à peine close, 2-l’épanouissement de la philosophie existentialiste, pessimiste, de Jean-Paul Sartre et 3- l’entregent commercial de son compagnon… un certain Pierre Bergé qui le quitte en 1958 pour s’attacher à la personne et à la carrière du génial couturier, Yves Saint-Laurent.

Chaque année Bernard Buffet organise une exposition personnelle à Paris, sur des toiles de grands formats, autour d’un thème qu’il a exploré l’année précédente.En 1957 l’exposition est consacrée aux « Paysages de Paris ». L’œuvre de notre lecteur correspond parfaitement au thème et à l’année, puisqu’il s’agit d’une vue du célèbre Moulin de la Galette sur la butte Montmartre. Transformé en bal populaire dans les années 1860, ses fêtes ont été immortalisées par les plus grands artistes : Renoir, Toulouse Lautrec Van Gogh ou Picasso… Mais chez Bernard Buffet l’heure n’est pas à la fête : la porte est close, les arbres dégarnis, les volets fermés et la rue bien vide.

Cette vue de Paris, tout en hauteur, fait partie d’une suite de quatre lithographies ,avec la Tour Eiffel, Le Sacré-Cœur et la Tour Saint-Jacques, réalisée pour cette exposition et réédité dans les années 1960 par l’imprimeur Charles Sorlier. Il ne s’agit donc vraisemblablement pas d’une œuvre originale au crayon de couleur, mais d’un procédé de reproduction mécanique, réalisé en grand nombre d’exemplaires. Compte tenu de son état qui n’est pas des meilleurs, et si cette épreuve avait ses marges ce qui semble moins sûr…ce Moulin de la Galette par Bernard Buffet pourrait être estimé de 150 à 200 €. S’il eut été un dessin original, sa valeur aurait été multipliée par 10 et s’il s’était agi d’un tableau elle aurait été multipliée par 100. À défaut, cela vaut toujours mieux qu’un poster ou une carte postale… même de Renoir !
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