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Un service "so British" !

Samedi 24 janvier 2015

Cette semaine, Pierre, de Vendôme nous fait parvenir quelques photographies d’un important service de table de près de 150 pièces. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à son désir d’en connaître l’histoire et la valeur.

Le secret de la porcelaine, jalousement gardé par les potiers extrême-orientaux pendant près de 2 000 ans, est percé en Europe au début du XVIIIe siècle.Chaque pays, région, manufacture s’est ensuite approprié une recette dont le socle est invariablement fait de quartz, de feldspathet de kaolin. Le Royaume-Uni innove particulièrement à la fin du siècle des Lumières en ajoutant à cette base au moins 30 % decendre d’os. Appelée Bone China (porcelaine d’os), elle rencontre vite un franc succès du fait de sa blancheur immaculée, de sa grande transparence et de sa forte résistance aux chocs. Bien que d’un coût de production élevé, cette porcelaine luxueuse s’impose dans nombre de manufactures britanniques ce qui, en France, la fera bientôt appeler « porcelaine anglaise ».

Le service de notre lecteur est en porcelaine anglaise. En revanche, il n’est pas ici question de production noble et raffinée comme au XVIIIe. La Grande-Bretagne, fer de lance de la Révolution Industrielle du XIXe siècle, est parmi les premiers pays occidentaux à appliquer aux Arts Décoratifs des techniques adaptées à la production en masse. C’est le cas pour la manufacture BWM&Co où a été produit le service de Pierre à la fin du XIXe. Si la qualité de porcelaine reste excellente, les décors qu’elle reçoit ne sont plus peints à la main mais décalcomaniés. Ce procédé qui naît en Angleterre vers1750 permet, à la fin du siècle suivant, de décorer très rapidement un grand nombre de pièces. On applique un papier recevant le motif recouvert de vernis sur la porcelaine. Une fois le papier retiré, l’ornementation est comme« imprimée » sur la pièce. Ce système permet une production à bas coût qui inonde bientôt le continent. Pour contrer cette invasion, les manufactures de faïence fine françaises comme Creil, Montereau ou Choisy-le-Roi adoptent à leur tour la décalcomanie.

Ainsi, le service de notre lecteur n’est pas de grande qualité mais son décor inspiré de la faïence de Delft, avec ces moulins et voiliers, est plaisant. Passé de mode, c’est principalement son grand nombre de pièces quifait sa valeur. Comptez environ 150 €. Voilà qui est bien peu malheureusement pour un tel ensemble qui pourtant, joiedes ménagères, va au lave-vaisselle !
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