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Pour sabrer le champagne

Samedi 03 janvier 2015

Cette semaine Christian, de Vineuil, soumet à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, la photographie d’un sabre dont il souhaite connaître l’origine.

Voici un objet qui va nous réchauffer en nous invitant à un voyage lointain,au bord du Nil. Pour ce faire, nous embarquons avec le général Bonaparte et ses troupes qui se lancent en 1798 dans la campagne d’Égypte. Le but militaire est de conquérir cette partie de l’Orient afin de couper la route des Indes aux Anglais. De nombreux artistes et scientifiques accompagnent l’armée dans cette expédition. Lors du retour de Bonaparte en France fin 1799, le goût passe à l’Égypte. L’ensemble des Arts et des Arts décoratifs, mais aussi la mode vestimentaire s’inspirent des créations du pays des Pharaons. Mais les élégantes parisiennes ne sont pas les seules à succomber aux charmes de l’Orient. Les officiers de l’armée, eux aussi, se laissent séduire et beaucoup troquent leurs armes blanches réglementaires contre des sabres dits « à l’orientale ».

Une lame très courbe et une poignée renversée à son extrémité suffisent à décrire dans les grandes lignes un tel sabre. Ces caractéristiques de base se retrouvent dans nombre de pays, du Nord de l’Afrique au Nord de l’Inde en passant par l’Iran et la Turquie. En Occident, - en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne en particulier - on les retrouve surtout à la ceinture des officiers de cavalerie de la Grande Armée. Ils ont une liberté totale pourcette coquetterie puisque sous l’Empire, aucun règlement ne leur impose un sabre en particulier. Certains sont de production exotique mais les manufactures européennes en fabriquent également, et en nombre.

Malgré les marques inscrites sur la lame, impossible de la rattacher à un fourbisseur connu. La poignée est en bronze, la calotte ornée d’un motif rayonnant. La fusée en bois était autrefois filigranée de laiton. La garde, composée de deux quillons à enroulement feuillagé est centrée d’une coquille. N’ayant pas de photographie de la lame au complet, il nous est impossible de la décrire. L’important dans ce cas, est que la pointe ne soit ni cassée, ni retaillée.Malheureusement, cette arme très usée et incomplète, car sans fourreau, ne possède pas la moindre caractéristique d’un sabre de qualité. Ne provenant pas d’Orient, il a certainement été réalisé pour un officier désargenté, au plus tôt dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ne comptez pas plus de 60 € en brocante. Adieu l’Égypte et les batailles napoléoniennes !

Avec un peu de témérité, peut-être pourrez-vous lui redonner du prestige en le maniant habilement aux côtés d’une bouteille de Champagne… Bonne Année !!!
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