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N'est pas Dali qui veut

Samedi 05 décembre 2009

Des couleurs claires et lumineuses pour ce tableau signé Jean-Claude FARGAS, daté de 1963 en bas à droite, et titré « La fin du désert ».

Des couleurs claires et lumineuses pour ce tableau signé Jean-Claude FARGAS, daté de 1963 en bas à droite, et titré « La fin du désert ». La composition dépouillée de cette huile sur toile est très verticale : des constructions architecturées aux murs lisses, l’une percée d’une large et unique fenêtre sur la gauche. Cette verticalité est accentuée par des tissus teints pendants, sans mouvement, comme des tâches de couleur sur de curieux échafaudages…. Seul un chemin prolongé par un escalier à la montée mystérieuse vient briser cette verticalité. Au loin, un édifice religieux à deux clochers à l’architecture italianisante sur fond de montagnes.Le spectateur de cette scène semble être l’unique occupant de cet environnement à l’atmosphère « suspendue ».

Nous avons ici les composantes issues de la veine d’un courant né dans les années 20 : celui du Surréalisme. A l’origine, il incarne une réaction contre la société et ses contraintes qui conditionnent l’existence. Laguerre de 1914-18 est considérée comme une faillite de la civilisation occidentale. Tout d’abord littéraire, ce courant devient plastique et pictural : il explore alors l’irrationalité et l’absurdité. Notre tableau présente une esthétique architecturale inspirée des compositions de Giorgio de CHIRICO (1888-1978), et des couleurs d’une palette qui n’est pas sans rappeler celle du surréaliste belge Paul DELVAUX (1897-1994), dont notre peintre est contemporain.

Ce tableau a été exposé dans les années 70 à la Galerie Guigné, où il a peut-être été acquis par son premier propriétaire. Cette galerie était encore située jusqu’au début des années 90 au n° 89 d’une des rues les plus prestigieuses de la capitale – celle du faubourg Saint-Honoré dans le 8èmeà Paris. Des tableaux de ce peintre sont rarement présentés en vente aux enchères. Mais la rareté doit de doubler de renom et de « pédigrée »pour être synonyme de valeur. Or, nous n’avons pas d’information sur la « carrière »de notre artiste : Jean-Claude FARGAS a peint, comme beaucoup d’autres, au temps où le marché de l’art contemporain était en pleine ascension et les achats souvent spéculatifs, avant de connaître la crise des années 90.Aujourd’hui, l’élaboration d’une « cote » est donc délicate… Le courant esthétique du Surréalisme, littéraire avec Breton et pictural avec Dali est depuis longtemps achevé quant ce tableau est peint.

Fargas a une production tardive, sans trop d’originalité, éloignée des productions contemporaines des années 60 de la pop’ art. Son art n’est pas en phase avec son époque et ne peut être taxé de modernité. Petit suiveur tardif de Chirico ou Dali au mieux…Son propriétaire nous précise l’avoir acheté « trois francs, pour le cadre » !Gageons que cette œuvre, au bon format de 45 x 65 cm, vaut mieux quant même que le cadre. Elle trouverait preneur aux environs de 200 à 300 euros dans une vente aux enchères de qualité…mais 2.000 fois moins que Dali !
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