FR
EN

Une paire de chenets royaux

Samedi 06 décembre 2014

Cette semaine, Vincent nous écrit des Bouches-du –Rhône, sollicitant les lumières d’Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, au sujet d’une paire de chenets.

Cette semaine, Vincent nous écrit des Bouches-du–Rhône, sollicitant les lumières d’Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, au sujet d’une paire de chenets.

Les premiers frimas de l’hiver nous poussent au coin du feu. Rien de tel qu’une belle flambée pour réchauffer corps et moral. Mais, à Paris, entre deux calculs mathématiques agrémentés de marrons chauds, un chercheur a conclu qu’une demi-journée au coin du feu pollue autant qu'une voiture diesel qui roule pendant 3 500 kms ! Résultat : au 1er janvier 2015 ,les feux de cheminée seront interdits sur la quasi-totalité de l’Île-de-France…Ainsi, la cheminée ne sera plus qu’un élément décoratif, à l’image des instruments d’âtre qui l’agrémentent comme les plaques, barres de foyer et autres chenets. Le reste de notre pays peut en revanche encore profiter de ce dispositif né entre le XIe et XIIIe siècle. Depuis le Moyen-Âge, on a cessé d’améliorer cet élément central du foyer, indispensable au chauffage comme à la cuisine, ainsi que les objets qui lui sont destinés. Certains d’entre eux sont indispensables : la plaque de cheminée, qui protège la maçonnerie des attaques du feu, et la paire de chenets, qui supporte les bûches. Ces derniers sont constitués d’une barre verticale : le montant et d’une barre horizontale : le chevalet.

La couleur noire et l’aspect lisse des chenets de notre lecteur ne laissent aucun doute sur le matériau : la fonte de fer. Cet alliage de fer et de carbone est bon marché, se corrode moins, et est relativement plus aisé à travailler que le fer forgé, puisqu’on le coule dans un moule. En Occident, il va peu à peu s’imposer dans l’âtre à partir du XVe siècle. Devant mesurer environ 50 cm de haut, les chenets de notre lecteur ont une forme architecturée. Le décor du fût présente une grande fleur de lys en partie centrale, surmontée de la lettre ‘’k’’ en alphabet« gothique » et d’une tête d’homme barbu. Il repose sur une base trilobée agrémentée d’une torsade. Le registre décoratif, comme la forme de ces chenets est typique de la fin du Moyen-Âge, durant le XVe siècle. Les plaques de cheminées sont très couramment ornées d’armoiries et, le plus souvent, de celles du Roi, avec trois fleurs de lys. Car le Roi est chez lui dans toutes les demeures du Royaume ! Le lys présent sur les nôtres a certainement la même explication, ce qui peut éclairer la présence du ‘’k’’, pour Karolus,Charles en latin. Au XVe siècle, deux rois portent ce prénom : Charles VII et son petit-fils Charles VIII.

Difficile de déterminer l’époque de façon certaine sans examen physique mais, selon toute vraisemblance, cette paire de chenets date du XVe. Si c’est le cas, le modèle étant plaisant et, si en bon état, ils pourraient se négocier entre 1 000 et 2 000 € en vente aux enchères. De quoi encadrer une flambée royale…Mais à retirer de la cheminée avant le passage du Père Noël !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :