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Un camion rempli de souvenirs

Samedi 08 mai 2021 à 07h

Cette semaine, Anne nous fait parvenir la photographie d’un jouet ancien. Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, partage son avis.



Ce camion à la tôle rutilante illustre la beauté des jouets fabriqués jadis dans l’hexagone. Les petits chocs qui l’ont affublé au cours de ses livraisons imaginaires, comme la marque dont il porte fièrement le logo, nous renseigne sur son âge.
Si Milliat Frères n’évoque sans doute plus grand-chose pour les plus jeunes de nos lecteurs, c’est parce qu’en 1973, le groupe Gervais Danone qui en est propriétaire, rachète Panzani. Le premier producteur de pâtes alimentaires français reprend les usines de Milliat et la marque d’origine rhodanienne se fait happer sur fond de non-concurrence entre deux entreprises d’un même groupe.

Fondée dans les années vingt, l’entreprise de Joseph et Louis Milliat était située au 319 avenue Berthelot à Lyon. Elle fait partie de ces grandes marques de l’agroalimentaire aujourd’hui disparue, à l’instar du « Jambon Olida » ou des fromages de « La Vache Sérieuse » l’honnête concurrent de « La Vache qui rit ».
Dans les années 40-50 l’entreprise Milliat se distingue pourtant par ses publicités et ses cadeaux promotionnels. Le jouet de notre lectrice était d’ailleurs échangeable contre des bon-points découpés sur les paquets de la marque... un marchandising à la française !

Mesurant vingt-neuf centimètres de long, le camion d’Anne est en tôle rouge et blanche. La longueur moyenne d’un véhicule de ce type étant d’environ dix mètres, il est approximativement à l’échelle 1/34e. Un jouet plus grand que ceux de l’emblématique marque Dinky Toys et leurs 1/43e mais plus petit que les splendides Jouets Citroën au format 1/10e. D’après nos recherches cet exemplaire aurait été réalisé par un fabricant français : Martinan et Larnaude, une entreprise fondée en 1920 dans le XXe arrondissement parisien. Comme les Jouets Citroën et contrairement aux Dinky le camion d’Anne est muni d’un système mécanique permettant de propulser l’engin grâce à un ressort actionné par une clef.
Parmi tous les jouets, les camions publicitaires font partie des plus recherchés. En effet, ils suscitent l’intérêt des collectionneurs d’autos miniatures comme celui des amateurs de plaques émaillées et autres emblèmes publicitaires. Une camionnette Dinky Toys flanquée du sigle « Philips » est à ce titre l’une des plus rares et des plus chères de cette collection. Surprenant pour les néophytes, les boîtes de ces jouets sont précieuses et parfois vendues toutes seules !
Le modèle de camion représenté par le fabricant ne semble pas correspondre précisément à un modèle connu mais plutôt un mélange entre des Mercedes et des Simca. Les fabricants de jouets passeront peu à peu des contrats avec les entreprises automobiles afin de reproduire leurs véhicules fidèlement. Le jouet français reste à l’époque dans le domaine du rêve, un rêve de plus en plus envahit pour l’enfant par la publicité et la société de consommation.

On peut estimer ce rare camion, si son mécanisme à remontoir fonctionne, entre 150 et 300 euros. Le prix des souvenirs de jeunesse et des « bonnes pâtes bien de chez nous », peut être aussi, de la nostalgie des jouets de qualité et de fabrication française.
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