FR
EN

Pour un hiver gourmand

Samedi 29 novembre 2014

Cette semaine, Jean-Marc écrit de Lozère à Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, afin d’identifier un curieux objet.

Quel est cet objet mystère ? Tout ce que sait notre lecteur, c’est que c’est du cuivre et qu’il mesure 20 cm de haut. Il se compose de deux parties distinctes. La partie supérieure, en cuivre, est de forme ovoïde : elle ressemble à unœuf. Elle s’ouvre en deux et est agrémentée, sur le sommet, d’une prise, probablement en laiton, imitant la queue et les feuilles d’un fruit. Cet élément supérieur est relié par trois pieds en bronze ornés d’enroulements feuillagés à un plateau circulaire en cuivre. L’intérieur est recouvert d’un métal de couleur grise. Il contraste de façon saisissante avec le cuivre orangé ; les cuisiniers le connaissent bien : c’est de l’étain.

Les grands chefs et les amateurs éclairés ne jurent, en effet, que par le cuivre, du fait de sa conductivité hors du commun. Tout excès de chaleur concentré en un point de l’ustensile se dissipe rapidement vers le reste de la pièce, donnant une grande homogénéité à la cuisson. Soit, mais pourquoi de l’étain à l’intérieur ? Lorsque le cuivre se dégrade au contact de l’air, il produit un oxyde nommé vert-de-gris. C’est ce dernier qui donne cette couleur verte aux statues de bronze. Or, il se trouve que cet oxyde est fort toxique pour notre santé, si bien que la législation française interdit l’usage de cuivre non protégé pour la cuisine. La protection la plus courante est une fine couche d’étain mais elle peut également être d’inox,d’aluminium, voire d’argent. J’entends déjà des voix s’élever : « Ma bassine à confiture n’est pas étamée ! ». Rien de plus normal puisque le sucre neutralise cette réaction chimique qu’est l’oxydation, et chacun connait les vertus immenses que possède une confiture cuite dans un chaudron de cuivre... Revers de la médaille : il faut faire ré-étamer ses casseroles tous les trois ans environ.

L’objet de notre lecteur ne fait pas partie d’une batterie de cuisine. C’est un réchaud. La coupelle de la partie inférieure est destinée à recevoir une bougie chauffe-plat dans le but de maintenir le réceptacle ovoïde, et donc son contenu, bien chauds ! Un ustensile somme toute assez hivernal, étant donné que l’on peut y mettre de la soupe. Mais, étant donné sa petite taille, les gourmands seront ravis : on peut parfaitement imaginer y déguster une fondue au chocolat !

Bien que son piètement rappelle vaguement le style Louis XV, cet objet date de la première moitié du XXe. Il n’est pas de grande qualité et ne possède aucun caractère de rareté. Son prix sera donc assez symbolique : une quinzaine d’euros en brocante. Mais quelle aubaine pour affronter l’hiver avec gourmandise ! Faites-le ré-étamer et régalez-vous !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :