FR
EN

À nos chers poilus

Samedi 08 novembre 2014

Cette semaine, Mireille nous adresse de la Sarthe trois dessins figurant des poilus au front. Elle s’interroge sur leur authenticité et leur valeur. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Cette semaine, Mireille nous adresse de laSarthe trois dessins figurant des poilus au front. Elle s’interroge sur leur authenticité et leur valeur. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Ces dessins sont un témoignage sensible de la vie dans les tranchées. L’un figure une sentinelle, debout, son fusil à la main. Il porte, par-dessus sa vareuse, une peau de mouton pour le protéger du froid. Le second, entièrement réalisé au crayon bleu, montre un soldat, pipe à la bouche, étendu devant une case mate. Le dernier, reproduit ici, représente,avec force de détails, un poilu, courbant le dos sous le poids de son paquetage. Vêtu de la fameuse capote bleu horizon, sa tête est protégée par le casque Adrian. Il porte son fusil Lebel en bandoulière sur l’épaule droite. Ses mollets, enserrés de bandes molletières ont besoin de l’appui d’une canne qu’il tient de la main droite. En bois sculpté de ses propres mains, on devine un serpent s’enroulant autour du fût. Un bel exemple de ce que l’on nomme l’artisanat des tranchées. Pesant jusqu’à 25 kg, son havresac nous renseigne sur les effets dont il dispose pour la vie quotidienne : une pelle, un bouthéon qui est une marmite collective, une couverture et, trônant au sommet, sa gamelle individuelle. À la ceinture pendent une gourde, une musette et une cartouchière probablement remplie de munitions. Son visage, peut-être rougi par le sang de blessures, présente des traits tirés. Il paraît las, exsangue, se consolant avec un peu de tabac à pipe.

Très documentaire, d’un réalisme saisissant, ce dessin, daté 1917, croqué sur le vif, au front, frôle l’image d’Épinal. Réalisé sur papier au crayon bleu, rouge, noir et rehaussé à la craie, il est la représentation même du Poilu que nous nous figurons, un siècle plus tard. D’une belle qualité d’exécution, il est signé en bas à droite Gilbert Fréjat. Nous n’avons malheureusement aucune documentation sur cette main talentueuse pour qui dessiner la guerre était probablement un exutoire. Ces essins, à la fois œuvres d’Art et témoignages poignants, mesurent probablement 21 x 15 cm. Pour ces fragments d’Histoire, comptez environ 60 € chacun.

En 1915, le peintre Amédée Ozenfant constate "à quel point la guerre a attaché (les artistes) à leur art ; tout ce qu'ils souhaitent, c'est d'avoir quelques pages afin de l'exprimer". Ainsi, peintres et poètes couchent sur le papier leurs sentiments, obsédés, pendant et après la guerre par le devoir de témoigner. Les horreurs de cette guerre imprègnent les rescapés meurtris, et donc leur œuvre, pour toujours. Certains plus que d’autres, comme Otto Dix, qui pousse la représentation de cette boucherie à son paroxysme. La Grande Guerre prend 1,4 millions d’enfants à la France. Parmi eux se trouvent nombre d’artistes et d’écrivains, à l’image de l’orléanais Charles Péguy ou encore du poète Guillaume Apollinaire. Nous commémorons cette année le centenaire de cette guerre qui ne fût malheureusement pas la « Der des Ders »… Hommage à nos Poilus !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :