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Chapeau !

Samedi 25 octobre 2014

Cette semaine, Chantal, de Salbris, s’interroge sur la valeur d’un « petit chapeau ». Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Cette semaine, Chantal, de Salbris, s’interroge sur la valeur d’un « petit chapeau ». Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Bien que les excentriques et les mariages bcbg n’ont jamais abandonné le chapeau, il est plus rare aujourd’hui, à l’occasion d’une promenade, d’apercevoir une personne chapeautée. Et pourtant, jusque dans les années 60, jamais une femme – ni un homme d’ailleurs - ne serait sortie « en cheveux », sans risquer l’opprobre pour cette provocation terriblement séduisante… Mais le chapeau n’est pas simplement un accessoire vertueux ornant et protégeant la tête. Depuis l’Antiquité, il est un support et un vecteur d’information. Exprimant une autorité, une fonction, un rang social. Il fait aussi de la politique. En juin 1778, revenant d’Amérique où la Guerre d’Indépendance fait rage, la Belle-Poule, frégate française est attaquée par un vaisseau anglais. Louis XVI se range du côté des Insurgés Américains et déclare la guerre à l’Angleterre. Les élégantes de Versailles, par patriotisme, inventent la coiffure « à la Belle-Poule » qui fait figurer la frégate, posée sur leurs cheveux. De nos jours, c’est un certain bonnet rouge qui annonce la couleur…

Quoi qu’il en soit, le bibi dépend toujours de la mode. Les années 1880 en voient naître un nouveau : le canotier. Ce couvre-chef en paille tressée, de forme ovale, à calotte et bords plats orné d’un ruban est mis à la mode par les amoureux du canotage en région parisienne, en bords deSeine. Il devient vite un chapeau très populaire, aimé des sportifs comme des assidus des guinguettes et se porte indifféremment par les enfants, les hommeset les femmes jusque dans les années 1930. Chapeau d’été par excellence, Renoir l’immortalise dans son « Déjeuner des canotiers » (1880). Quant à Caillebotte, s’il avait peint son « Canotier » (1877) quelques années plus tard, il ne serait certainement pas affublé d’un haut-de-forme ! Le canotier, c’est aussi Gabrielle Chanel et surtout Maurice Chevalier. Ce chapeau est à l’artiste le plus populaire du music-hall français des Années Folles, ce que le bicorne est à Napoléon. Et il parvient même à l’imposer aux années 60 aux côtés des Chaussettes noires avec la chanson le « Twist du canotier » : « Avec mon canotier / Sur le côté, sur le côté /J´ai fait danser le twist / Au monde entier ».

Baptisé « Chapeau Maurice Chevalier » le canotier de notre lectrice est une réplique miniature du couvre-chef du célèbre chanteur. Orné d’un ruban noir, il est fait de paille tressée et mesure 16 cm de diamètre. Réalisé par le Maître chapelier Sools, il était offert en cadeau, dans les années 30, aux clients du cabaret « Le Perroquet » à Paris.En parfait état, nous pouvons l’estimer entre 120 et 180 €. S’il avait appartenu à Chevalier, nous aurions décuplé cette estimation pour peut-être atteindre les 4 500 € obtenus aux enchères à Paris en décembre 2013 par un canotier du « roi du music-hall ». Il y a chapeau et chapeau !
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