FR
EN

Le son cristallin des bulles pétillantes

Samedi 06 mars 2021 à 07h

Cette semaine, Baptiste nous fait parvenir la photographie d’un objet festif.
Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, partage son avis.



L’objet de notre lecteur se distingue par ses sonorités bien particulières. Un objet n’est pas destiné uniquement à être regardé. Il faut le caresser et il faut l’écouter. Celui de Baptiste chante ! Cette caractéristique provient de la matière employée pour le réaliser.
A la différence du verre, le cristal contient du plomb. C’est ce métal qui lui confère trois caractéristiques qui en ont fait son succès. Sonorité, éclat, facilité à le travailler. En effet, en incorporant du métal dans la pâte de silice qui compose généralement le verre, les artisans ont trouvé le moyen de souffler, tailler, ciseler et colorer la matière avec beaucoup plus de réussite.

On appelle le verre plombé, cristal, par analogie avec le cristal de roche. Toutefois, le cristal de roche bien plus précieux est une gemme d’origine naturelle. Le cristal est lui une production industrielle moderne. Sa découverte remonte à la fin du XVIIe siècle en Angleterre. George Ravenscroft est considéré comme l’inventeur du procédé. Très vite, les verriers de Bohème et d’Allemagne se spécialisent dans cette nouvelle technique qu’ils maitrisent encore plus parfaitement que les anglais. En France, le procédé traverse le Rhin, et les maîtres s’établissent en Lorraine. Dès le XVIIIe siècle, les premiers fours de la manufacture de Baccarat s’allument. Il en est de même pour Saint-Louis, initiative encouragée par la famille royale. Au XIXème siècle, les expositions industrielles encouragent les artisans à rivaliser d’ingéniosité et à présenter des chefs d’œuvre tels qu’un bénitier monumental en cristal de près de trois mètres de haut offert à l’impératrice Eugénie par la ville de Lyon. Il est aujourd’hui conservé au Musée d’Orsay. L’objet de Baptiste s’il n’a peut-être pas les qualités plastiques des réalisations de ces grandes maisons, est probablement français, même… lorrain.

Ce seau de forme tronconique révèle deux anses. Sa forme élégante, quoi qu’attendu, est scandée par des motifs taillés à la roue. La roue, est cet instrument qui permet à l’artisan de venir graver le motif. Les étoiles, déposés sous le pied des verres sont caractéristiques de la maison Baccarat. En l’espèce celles du seau de Baptiste appartiennent à une production moins prestigieuse. Sa fonction n’en honore pas moins une autre spécialité de l’Est de la France : le Champagne !
Avant que ne se répande le service à l’assiette, autrement appelé service à la russe, il était d’usage de présenter tous les mets sur la table simultanément. Ce service, dit à la française, nécessitait de maintenir les verres individuels dans des récipients à cet effet. On les appelle rafraichissoirs. Aujourd’hui, les rafraichissoirs à verres ont disparu, seuls subsistent les rafraichissoirs à bouteilles. Le seau à glace et le seau à champagne, rappellent que l’art de vivre à la française, prévoyait des accessoires adaptés à toutes circonstances !

Datant probablement d’une cinquantaine d’année, ce seau est un cadeau de mariage type, souvent accompagné de flutes et de coupes à champagne. On peut l’estimer sans accident autour de 50 à 100 euros, davantage si on remarquait à son revers la marque d’une manufacture célèbre. Rien n’empêchera à notre heureux propriétaire s’il le souhaite, de faire honneur à notre Vouvray régional, voire aux fines bulles du vendômois… afin d’en prolonger l’effervescence avec style.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :