Et si vous sortiez vos trésors des greniers pour les faire expertiser ?

Le Midi Libre, Frédéric Mayet

PATRIMOINE

Jacques Farran, commissaire-priseur, sera présent ce samedi à l’hôtel Pullman.

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »

La verve emplie de romantisme du poète Alphonse de Lamartine résonne encore pour les amoureux de vieux et beaux objets d’art. Jacques Farran, jeune commissaire-priseur montpelliérain, œuvre pour le compte du prestigieux cabinet Rouillac qui rayonne de Tours à Paris en passant par Vendôme et Montpellier, à expertiser ces objets de toutes sortes, de centaines de provenances et charriant mille et une histoires. « Je vais donner des informations aux personnes qui ont des objets et qui viendront, ce samedi 30 janvier, de 10h à 18h à l’hôtel Pullman." (1, rue des Pertuisanes à Montpellier. Contact : 06 82 10 55 74. www.rouillac.com).

Une opération déjà menée l’été dernier dans le même hôtel. « Les expertises sont gratuites et confidentielles pour les particuliers. Pour celui qui aime regarder, et qui sait voir, il y a des beaux objets partout. » Jacques Farran aime à raconter, avec une passion forgée par de longues études, notamment sur les bancs de la prestigieuse École du Louvre, une quête sans fin. Une quête où les surprises succèdent aux étonnements.

Stravinsky et wakizashi

« Récemment on m’a confié un autographe d’Igor Stravinsky avec le début de l’Oiseau de feu. » Soit la trace d’un des plus prestigieux compositeurs du XXe siècle, Russe exilé aux Etats-Unis et d’une œuvre pour ballet qui le rendit aussitôt célèbre dès sa création en 1910. De l’exceptionnel, donc. « Les gens amènent des choses très variées. Toujours à Montpellier, l’été dernier, on m’a confié un très beau wakizashi. » Soit un sabre japonais courbe dont la taille se situe entre 30 et 60 centimètres.

« On m’a également confié un remarquable tableau italien de la Renaissance, malheureusement pas en très bon état. L’expertise plus précise est toujours en cours. » Jacques Farran se souvient encore « d’une aiguière en ivoire, une pièce d’exposition universelle. Je préfère évidemment passer beaucoup de temps sur des trésors comme cela mais je ne fais pas de tour de magie. Une simple faïence ancienne reste une simple faïence ancienne. » La charge historique reste l’exception. « J’expertise toujours avec bonheur. Nous sommes un peu des médecins généralistes des objets. Pour un trésor, on peut avoir une centaine de tableaux de peintres du dimanche. »

Quant à l’influence supposée de l’émission de France 2 Affaire conclue, Jacques Farran dit vouloir s’en détacher. « Ce n’est pas vraiment mon métier. L’émission montre des achats d’objets de brocante en cercle fermé avec une expertise rapide. Chez Rouillac, nous proposons des ventes aux enchères avec une publicité internationale. Nos acheteurs viennent de Nouvelle-Zélande, des Etats-Unis. » La prochaine devrait avoir lieu du 4 au 6 juin au château d’Artigny près de Tours.

CURIOSITÉS Lingot d’or et 40 francs Napoléon
Parmi ses toutes récentes trouvailles dans les fonds de particuliers, Jacques Farran cite un lingot d’or et, surtout, une pièce de 40 francs Napoléon. « L’objet n’est pas impressionnant en lui-même. La pièce pèse quelques 40 grammes et, au cours de l’or, vaut autour de 600€. Mais elle est un peu spéciale car elle date de 1807 et a été frappée à Turin en Italie. » L’expert, lui, estime l’objet « entre 3 et 4000 € pour le même poids. C’est l’âge d’or du Premier Empire. La pièce elle-même n’a été frappée qu’à 613 exemplaires. Il sera donc idiot de la faire fondre ! »