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Mise au point sur l’année passée, zoom sur l’avenir

Samedi 02 janvier 2021 à 07h

Cette semaine, Jean, de Vendôme, nous fait parvenir la photographie d’un étrange instrument qui pourrait être un microscope. Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, partage son avis.



L’Homme a toujours été fasciné par l’infiniment grand et l’infiniment petit. Télescope et microscope ont permis au fil des siècles de définir sa place dans l’univers. Ils permettent de redéfinir le réel, par l’observation de mondes jusqu’alors hors de portée.

Il n’est pas aisé de dire à quand remonte l’invention du microscope optique. Toutefois, son principe reste le même au fil des siècles : grossir une image de petite dimension. A l’inverse du télescope pour lequel on parle de grossissement optique, ou de l’appareil photo pour lequel on parle de grandissement, le microscope est défini par sa « puissance ». Cette puissance est obtenue par deux lentilles. La plus proche de l’œil est appelée oculaire, la plus éloignée est appelée objectif. Un savant rapport d’angles entre les deux lentilles permet de corriger l’image et de projeter une vue extrêmement agrandie sur la cornée du regardeur.

Si le titre d’inventeur du microscope est controversé, on aimera à penser que Galilée peut être le père de sa version moderne. Il est fascinant d’imaginer que l’auteur du célèbre « E pur si muove ! », « et pourtant elle tourne », celui qui a démontré que la Terre tournait autour du Soleil, avait autant œuvré dans l’observation des astres que dans celle des microbes.

L’exemplaire présenté par Jean est rare. Il nous touche car il raconte une histoire oubliée de la science. De très petite taille, environ sept centimètres, la taille d’un paquet de cigarettes, il est parfaitement fonctionnel et tient dans la poche. En laiton doré avec un système à vis pour faire la mise au point, il reprend les principes déjà définis. Sa poignée en ivoire indique un emploi précis et raffiné, il est de conception anglaise.

Des recherches sur le site internet « Le Compendium » indiquent qu’il s’agit d’un microscope de genre Wilson « screw barrel » canon à vis. Cette invention britannique a la particularité de permettre de projeter le reflet du microscope contre un mur, transformant l’image d’une puce aux dimensions d’un mouton ! Cet objet date du XVIIIe siècle. Il est très éloigné des objets scientifiques du XIXe siècle, froids, austères et mécaniques. Le concepteur a ici mêlé l’élégance à l’innovation, avec une fine poignée en ivoire dont la fonction ne peut être que l’expression d’un luxe décoratif. Ce microscope n’est pas qu’un instrument, c’est aussi un objet de curiosité. Il appartenait aussi bien à un aristocrate cultivé, désireux d’impressionner ses invités, qu’à un scientifique pur. Cet objet est le témoin d’une époque où la curiosité intellectuelle n’a pas de limite, époque en France des Lumières.

On peut estimer ce microscope entre 500 et 800 euros car il est très rare. Son estimation serait encore supérieure s’il était accompagné d’un coffret comprenant les accessoires nécessaires à son utilisation : autres lentilles, lames préparées, souvent en ivoire, permettant de placer les fines couches à observer. Les moyens prodigieux destinés aujourd’hui à la mise au point rapide d’un vaccin, rendent notre microscope d’actualité. Destiné à l’origine à la pure observation, il est un outil indispensable à la découverte de remèdes et de vaccins comme pour mieux entrer dans l'année 2021... Belle et heureuse année à toutes et à tous !
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