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Une Vierge à l’Enfant pour fêter Noël

Samedi 26 décembre 2020 à 07h

Cette semaine, nous recevons la photographie d’une Vierge à l’Enfant. Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, nous donne son avis.



« Il est né, le divin enfant, jouez, hautbois, résonnez, musettes » … Telles sont les paroles qui retentissent dans de nombreux foyers et églises le soir de Noël. Et oui, si Noël est bien une fête familiale où chacun donne et reçoit des présents, ce jour est célébré avant tout pour la nativité de Jésus-Christ. Cette belle Vierge à l’Enfant nous invite à rappeler l’origine de ce jour particulièrement cher pour un grand nombre d’entre nous.

Pour les chrétiens, Jésus naît à Bethléem dans la nuit du 24 au 25 décembre. Mais de quelle année ? On retient l’an 753 de la fondation de Rome, devenu l’an I de notre ère. Cependant, ni le jour ni l’année ne font l’objet d’un consensus. En effet, les grecs du Ier siècle de notre ère fêtaient la naissance de l’Enfant le 6 janvier, à l’occasion de l’Épiphanie. C’est en 354 à Rome, que le pape Libère fixe la nativité au 25 décembre, en remplacement des Saturnales et de la fête du soleil vainqueur. La célébration de la venue de Dieu sur terre remplace les fêtes païennes de la Rome antique. Et pour cause la religion chrétienne est autorisée depuis 313 par l’Empereur Constantin et devient religion officielle de l’Empire romain à la fin du IVe siècle. Plus d’un siècle plus tard est fondé notre calendrier débutant à partir de l’année de la naissance de Jésus. Notre ère repose donc sur l’Anno Domini – littéralement l’année du Seigneur – que l’on doit principalement aux calculs du moine Denys Le Petit. Ce dernier s’était vu confier la mission d’établir la date exacte de Pâques et par conséquent l’année de la naissance du Christ. Toutefois, les historiens soulèvent des difficultés et remettent en question la naissance de Jésus à l’An I de notre ère. Ils proposent plutôt un enfantement antérieur, autour de l’An VI ou de l’An IV avant J.-C... Jésus serait donc déjà un jeune garçon à l’année de sa naissance retenue universellement dans notre système calendaire actuel.

Quoiqu’il en soit, il est représenté dans cette sculpture en jeune enfant aux cheveux blonds bouclés. De sa main droite, Jésus bénit le monde symbolisé par le globe tenu de son autre main. La mission du Salvator mundi (sauveur du monde) est en ce sens universelle. Quant à la Vierge Marie, celle-ci est vêtue d’un important drapé. Si le dos n’est que peu traité, en raison de la destination de la sculpture consacrée à être placée en applique, sur la face, la multiplication des plis démontre la qualité de son ou ses auteurs. Aujourd’hui anonymes, les créateurs de cette œuvre sont probablement des artistes du XVIIe siècle, travaillant dans l’Ouest de la France. En effet, les traits ne sont pas sans rappeler le modèle proposé vers 1570 par Germain Pilon à l’église Notre-Dame-de-la-Couture. Travaillée dans le marbre, cette œuvre de l’un des plus importants sculpteurs de la Renaissance est un modèle pour un grand nombre d’ateliers des régions de l’Ouest de la France et particulièrement de la cité mancelle.

Dans un bon état de conservation général, à l’exception du manque de l’avant-bras droit de la Vierge, des piqûres de vers et des manques de polychromie, cette sculpture est de qualité. De cette façon, il serait possible de l’estimer aux enchères à partir de 800 euros, une somme importante déjà. Mais l’argent ne fait pas le bonheur. Notre vrai trésor est ce que nous vivons avec ceux qui nous sont chers. Joyeux Noël et mille bonnes choses à partager avec vos proches !
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