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Portrait mystère

Mardi 15 décembre 2020

37° Mag, Olivier Collet et Matthieu Giua

Sa première idée c’était de devenir journaliste. Puis la vie l’a entraîné dans une autre direction, avec à la clé la poursuite de la destinée familiale. Désormais, son quotidien est fait de trouvailles, d’histoire, de coups d’éclats et de rencontres épiques. Saurez-vous le reconnaître ?

Pouvez-vous nous parler de votre maison ?

Elle est assez particulière, avec des objets de toutes les époques... J’aime beaucoup la vie et la couleur. On pourrait dire qu’on est dans un musée avec des portes ouvertes sur le passé, l’ailleurs et l’inconnu. C’est aussi une maison zéro déchet : vous n’y retrouverez pas de ces meubles jetables fabriqués à l’autre bout de la terre dans des conditions sociales et environnementales déplorables.

A quoi ressemblent vos semaines de travail ?

Il n’y en a pas deux pareilles : je fais des découvertes et des rencontres en permanence, je ne suis pas enfermé dans une petite boîte. C’est beaucoup de trajets en voiture entre Poitiers, SaintMalo, Paris... Et le mercredi je suis à Tours du matin au soir dans mon bureau du Boulevard Béranger pour recevoir les gens qui ont des objets à expertiser. Sinon, le matin, je prends le temps d’être avec mes enfants pour le petit déjeuner puis les emmener à l’école. On peut bosser comme des fous non stop jour et nuit mais la seule vraie richesse c’est de chérir sa famille quand on a la chance d’en avoir une.

Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans votre métier ?

L’adrénaline de la découverte. Un meuble qui vaut une fortune mais ressemble à un autre sans avoir d’histoire je n’en veux pas. Ce qui m’intéresse c’est le mystère autour d’un objet, essayer de comprendre ce qu’a été son histoire, la quête qu’il y a pu avoir autour avant d’arriver jusqu’à nous. Après le confinement j’ai reçu un Tourangeau qui avait fait du rangement et découvert un vieux vase chinois de sa grand-mère au milieu de théières en porcelaine et de toutes sortes de sculptures en bronze. Au premier coup d’oeil j’ai réalisé que c’était une pièce exceptionnelle et ça m’a donné des frissons. Il avait un décor d’une grande délicatesse : c’était forcément un vase destiné à quelqu’un ayant un goût fou et un argent fou. On a fini par y retrouver la marque de l’empereur KienLong qui régnait au XVIIIe siècle. Comme si un cadeau d’anniversaire de Louis XIV nous était parvenu à travers le temps.

Vous organisez souvent des événements dans des lieux prestigieux... Qu’est-ce que ça change ?

La magie est différente par rapport à une salle classique. Nous avons généralement un public âgé et qui a le temps : en faisant l’effort d’investir des lieux atypiques, à des horaires où les personnes qui travaillent peuvent venir, ça nous permet de renouveler l’assistance. Quand vous êtes au Château d’Artigny, l’ambiance ne ressemble à aucune autre et vous avez le sentiment d’écrire une page de l’histoire du marché de l’art. Au CCC OD à Tours on a une clientèle plus jeune intéressée par le mobilier des années 50, 60 et 70. Par exemple des gens qui pensent qu’Ikea c’est hors de prix ou que ça ne tiendra pas trois mois, et qui achètent une commode voire une table 20 à 30 % moins cher qu’en magasin.

Quelle serait votre définition d’un trésor ? Et qu’est-ce qui fait la valeur d’un objet ?

Un trésor c’est ce qui a de la valeur mais qui est caché. Quant à la valeur, elle vient du regard que l’on porte sur un objet et ça n’a rien à voir avec son prix.
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