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Un métal nickel chrome... ou presque !

Samedi 05 juillet 2014

Cette semaine, Léonie, de Lézignan, en Pays Cathare, nous fait parvenir la photographie d’un « chrome à l’état brut (…) de 70 ans d’âge ». Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, répond à sa demande d’expertise et d’estimation.

Cette semaine, Léonie, de Lézignan, en Pays Cathare, nous fait parvenir la photographie d’un « chrome à l’état brut(…) de 70 ans d’âge ». Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, répond à sa demande d’expertise et d’estimation.

Le chrome rime bien souvent avec moto américaines etvoitures anciennes rutilantes. Mais son utilisation est bien plusancienne ! Pour l’anecdote, des pointes de flèches et épées en bronzedatant du IIIe siècle avant J-C ont été découvertes dans le mausolée del’Empereur Qin, en Chine. C’est là que se trouve la célèbre « armée deterre cuite ». Il s’est avéré que le parfait état de conservation de cesarmes résultait de la protection offerte par le chrome dont elles étaientrecouvertes ! En Occident, le chrome est découvert bien plus tard, etutilisé dans un tout autre domaine. C’est en 1761 qu’un minerai rouge-orangéest découvert dans les montagnes de l’Oural. Composé en grande partie de chromeet de plomb, sa couleur est le fait d’une réaction entre ces deux métaux. Decette roche sont extraits des pigments forts appréciés comme le« rouge de chrome »,le « jaune orangé de chrome » et le « jaune citron dechrome ». Bien qu’un scientifique soit parvenu à isoler du chrome pur à lafin du XVIIIe, ce dernier reste largement exploité pour les pigments auxquelsil donne naissance. À la fin du XIXe et au XXe, il est apprécié pour la grandebrillance qu’il offre une fois poli mais aussi pour sa résistance à lacorrosion et au ternissement. L’industrie automobile en usera et abusera jusquedans les années 70, non seulement pour orner, mais aussi pour protégercertaines pièces des voitures. Certains soldats de plomb accueillent égalementce revêtement appliqué par galvanoplastie, cette même technique grâce àlaquelle on argente les couverts.

Mais les pigments ne désertent néanmoins pas la peinture. Les impressionnistes sont friands du « jaune de chrome »et l’un d’eux va en user et abuser : Van Gogh. Mais, malheur ! Ce beau jaune, dégradé par les UV, bruni avec le temps… Pire encore, l’artiste, pour le rendre plus lumineux, avait coutume de le mélanger avec du blanc. Le fait est que cette peinture blanche contient notamment du souffre, matière qui accélère le processus ! « Les Tournesols » de Van Gogh sont entrain de faner ! Un vrai calvaire pour conservateurs et restaurateurs. Le fragment de chrome de notre lectrice mesure 19,5 cm de hauteur par 7 de largeur et pèse 1,950 kg. Il provient probablement d’Afrique du Sud, le premier producteur mondial. La belle histoire qu’il raconte fait tout son prix. À 1,86 € le kilo sur le marché (soit 3,60 € pour le chrome de notre lectrice), pas de quoi concurrencer les œuvres dont il fit la gloire en enfantant le jaune de chrome !
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