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Les diamants sont éternels, mais les modes… passent

Samedi 05 décembre 2020 à 07h

Cette semaine, Rachel nous fait parvenir la photographie d’un bijou. Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, nous donne son avis.



Une parure en serres d’aigles ! Voici le plus vieux collier découvert et il a 130 000 ans. L’histoire de l’Homme est indissociable de celle du bijou. C’est à la fois un marqueur de richesse et une sublimation de sa condition par le beau et le rare. De la parure de notre cousin, l’Homme de Néandertal, jusqu’au bracelet de notre lectrice, des millénaires de modes se succèdent. Pourtant, à travers l’espace et le temps les matériaux se ressemblent souvent et un métal semble faire l’unanimité : l’or.

Le bijou de notre lectrice est fait de mailles articulées à quatre bandes imitant des vagues. Au centre un médaillon trilobé est orné d’une petite perle flanquée de deux diamants de forme carrée. À son revers on remarque une chaînette, c’est une sécurité qui permet de ne pas le perdre si on a mal serré le fermoir.
Sa valeur doit être estimée en fonction des matériaux qui le compose et de la qualité du travail de celui qui l’a dessiné.
Ce bijou est en or jaune 750 millièmes. Autrefois on parlait d’or dix-huit carats sur une base de vingt-quatre. La proportion est donc dans les deux cas de trois quarts d’or et un quart de différents métaux nécessaires à la conception de l’alliage. L’or pur étant en effet trop malléable, il est nécessaire de le mélanger avec d’autres métaux. Dans le cas de l’or jaune : de l’argent et du cuivre. L’or est une valeur refuge qui ne cesse de s’envoler ces dernières années. Ces propriétés extraordinaires - son éclat, sa densité, sa malléabilité et sa ductilité - ont fait de lui un métal apprécié par toutes les civilisations. Le culte de cette matière qui a la même couleur que le soleil, est amplifiée par ses qualités physiques remarquables. L’or étant extrêmement conducteur de l’électricité il a également une fonction industrielle jusque dans nos portables qui maintient aujourd’hui son cours à des hauteurs inégalées.

Le bracelet est orné d’une petite perle. La valeur des perles a beaucoup évolué au cours du siècle dernier. Il est aujourd’hui possible de cultiver des perles artificiellement. Les perles fines, c’est à dire les perles sauvages, sont pour leur part beaucoup plus recherchées. Pour la petite histoire Pierre Cartier, échange l’hôtel particulier new-yorkais dans lequel le joaillier est toujours installé, contre un collier de perles fines ! Une somme astronomique plus du tout d’actualité. Il est impossible sur photo de connaître la nature de la perle de notre lectrice. Mais compte tenu de sa taille on peut dire sans se tromper que sa valeur est anecdotique.

Les deux diamants présents sur notre bracelet sont probablement trop petits pour pouvoir être plus précisément expertisés. Toutefois il est intéressant de connaître les critères d’évaluation de ces pierres. Le poids, la taille, la pureté, la couleur et à la marge la fluorescence, permettent très précisément de se faire une idée de la valeur d’un diamant.
Le travail du joaillier de notre bijou n’est pas des plus élaboré. Il reprend la forme d’une montre bracelet dont le cadran aurait été substitué pour être remplacé par un motif trilobé orné de petites gemmes. Une expertise approfondie de l’objet permettrait d’observer les deux poinçons qu’il doit dévoiler. Probablement un aigle, poinçon de l’or 18k depuis 1838 en France, et un poinçon losangique, le poinçon d’orfèvre, qui donnera le nom de l’artiste -joaillier qui l’a conçu.
Sans autre indication on peut estimer le bracelet de notre lectrice à partir de 300 euros. Sa valeur définitive sera supérieure à la valeur de son poids en or, le travail du bijoutier étant aux enchères une plus-value. Une façon de se remémorer la célèbre chanson de Marylin Monroe : les diamants sont les meilleurs amis des femmes…
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