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À la cour de Napoleon III

Samedi 28 juin 2014

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à un lecteur de Montrichard qui souhaite en apprendre plus sur un « meuble Boulle » acheté aux Puces de Paris par ses parents dans les années 1970.

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à un lecteur de Montrichard qui souhaite en apprendre plus sur un « meuble Boulle » acheté aux Puces de Paris par ses parents dans les années 1970.

Ce meuble est un petit buffet à hauteur d’appui. On le nomme ainsi car il doit mesurer environ 1m à 1,20m de hauteur et que l’on s’y accoude aisément. De forme rectangulaire, il est orné d’une marqueterie et plaqué d’ébène ou de bois noirci. Il ouvre en façade par deux vantaux découvrant des étagères et peut-être un tiroir en ceinture. Coiffé d’un marbre blanc, il est agrémenté de bronzes ciselés et dorés, notamment en chute. Notre lecteur le désigne comme un meuble « Boulle ». Appellation intrigante qui fait référence à une technique ornementale très spécifique qui tient son nom du plus célèbre ébéniste de Louis XIV.

Charles-André Boulle (1642-1732) est l’un des plus grands ébénistes du Roi Louis XIV. Désigné par Colbert comme « le plus habile dans son métier », cet artisan de talent, ébéniste du Roi et de la Cour, révolutionne l’ébénisterie. Il est, à titre d’exemple, le premier à appliquer des bronzes dorés sur ses créations. Leur but est non seulement de les magnifier mais aussi de les protéger. Mais son nom reste à jamais associé à une technique de marqueterie pour laquelle il invente un nouveau procédé. Il superpose deux plaques : une en laiton et une en écaille de tortue et vient y découper un même motif. Il obtient alors deux panneaux appelés « partie » et « contrepartie ». Le premier est en laiton sur fond d’écaille et le second en écaille sur fond de laiton. Cette technique, que l’on nomme aujourd’hui marqueterie Boulle, permet en général de livrer une paire de meubles ornés de façon similaire. Passées de mode à sa mort, ses créations sont remises au goût du jour sous le Second Empire. Cette époque redécouvre et réinvente le mobilier des siècles passés ? Les ébénistes de Napoléon III marquettent à la manière de ceux de Louis XIV. Le meuble de notre lecteur en est une bonne illustration.

Il date donc vraisemblablement du troisième quart du XIXe. Deux choses nous font défaut. Une bonne photographie nous aurait permis de juger de la finesse de la marqueterie, qui compte pour beaucoup dans l’évaluation d’untel meuble.Il est aussi essentiel de savoir si les cotés de ce buffet sont eux aussi en marquetés, et si les panneaux sont bombés. Cela apporterait une plus-value certaine. La marqueterie Boulle est aujourd’hui appréciée, notamment par de riches amateurs des pays du Golfe. Le coût élevé de sa restauration incite à la prudence. Pour ce buffet à hauteur d’appui en bon état, comptez de 600 à 800 € en vente publique.
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