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Tableau de chasse

Samedi 07 juin 2014

Cette semaine Philippe Rouillac, commissaire-priseur, se penche sur un tableau figurant une scène de chasse à courre.

Cette semaine Philippe Rouillac, commissaire-priseur, se penche sur un tableau figurant une scène de chasse à courre.

La chasse à courre, qui consiste à prendre du gibier à l’aide d’une meute de chiens, est pratiquée depuis 2000 ans. Si chez les Assyriens elle est une technique d’entraînement à la guerre, elle devient un véritable art de vivre en France sous François Ier. Le Roi, surnommé le« père des veneurs » codifie cette chasse et la pratique à l’excès, entraînant dans son sillon nombre d’aristocrates. Sa descendance ne fera pas mentir le goût de nos Rois pour la chasse. Louis XVI en particulier, dont le carnet cynégétique restera célèbre pour le fameux « rien » qu’il inscrit le 14 juillet 1789. Étant une pratique importante dans la vie de la haute société, il est naturel que la chasse à courre est été depuis longtemps représentée en peinture. Citons en premier lieu l’œuvre de Paolo Ucello, la Chasse Nocturne, véritable chef d’œuvre de la première Renaissance italienne réalisé vers 1470. Le XVIIIème siècle français est également très prolixe d’œuvres de ce genre. Ainsi, entre 1733 et 1738, Louis XV commande à Jean-Baptiste Oudry, probablement le plus grand peintre animalier de son temps, un ensemble de neuf toiles illustrant ses chasses et devant servir à la réalisation de tapisseries. Au XIXème, les représentations de chasses à courre se font moins officielles et la fin du siècle est marquée par les œuvres de Charles de Condamy, très appréciées de la noblesse européenne. Le XXe retiendra le nom de Karl Reille, célèbre pour ses aquarelles.

La toile de notre lecteur s’inscrit dans la tradition picturale de Charles de Condamy et de Karl Reille. Elle figure un veneur à cheval, en tenue rouge, s’approchant de trois chiens aboyant sur un cerf. La scène se déroule dans une épaisse forêt. La qualité de la photographie nous empêche de déchiffrer la signature. Quoi qu’il en soit, cette dernière n’aurait pas été un plus pour cette peinture, étant donné sa très faible qualité d’exécution … En effet, nous n’avons pas ici affaire à un peintre chevronné mais plutôt à un amateur amoureux de la chasse et de la nature. Est-ce la belle meute de Cheverny ? Probablement pas car son équipage si célèbre porte un habit bleu à parements bordeaux. Aujourd’hui de nombreux peintres animaliers s’intéressent à la vénerie grâce notamment au dynamisme des musées de Senlis, Gien ou encore Montpoupon. Notre lecteur a omis de nous transmettre les dimensions de cette œuvre à qui certains pourront trouver un côté décoratif et la négocier autour de 20 € en brocante. Le Game Fair qui se tiendra le week-end prochain à Chambord sera l’occasion de réunir amateurs et artistes confirmés, notamment à l’occasion d’une vente aux enchères dédiée à la nature et à la chasse.
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