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Une reine d'étain

Samedi 31 mai 2014

Cette semaine Jacques s’interroge sur la provenance et la valeur de deux assiettes en étain. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Cette semaine Jacques s’interroge sur la provenance et la valeur de deux assiettes en étain. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

L’étain est un métal malléable connu depuis l’Antiquité. L’art de ceux que l’on nomme depuis le Moyen-Age les potiers d’étain se répand rapidement en Europe car ce matériau possède la particularité de peu s’oxyder et de ne pas devenir toxique lorsque c’est le cas. Ainsi, propre à la fabrication d’ustensiles de vaisselle et relativement bon marché, l’étain s’impose rapidement comme incontournable dans les cuisines et intérieurs populaires et bourgeois. Dédaigné par l’aristocratie, le « tiers-métal » est en revanche à l’honneur sur la table des riches roturiers. Ceci explique la richesse de certaines pièces de forme et de platerie. Ces dernières imitent les formes de l’orfèvrerie d’or et d’argent, aidées par la souplesse du métal qui permet une exécution soignée et un décor abondant. À côté de ces productions fastueuses, il faut distinguer les ustensiles de cuisine très ordinaires. D’autre part, l’étain est considéré comme pur par l’Église et peut donc être utilisé pour le culte. À partir du XVIIIe, l’usage de l’étain décline au profit de la céramique, et de la porcelaine en particulier. À l’image de l’or et de l’argent, les ouvrages d’étain sont obligatoirement poinçonnés afin d’indiquer la qualité du métal et le nom du maître.

Les assiettes de notre lecteur sont de forme ronde. L’aile est ornée de besants et le bassin de bustes en bas-relief, figurant un homme et une femme vêtus à la mode du XVIe siècle anglais. Si le notable au chapeau nous reste inconnu, son pendant est l’une des figures les plus célèbres de l’Histoire du Royaume-Uni : la Reine Élisabeth 1re. Le règne de la « Reine Vierge », victorieuse de l’Invincible Armada espagnole, est considéré par les historiens comme l’une des périodes les plus glorieuses de l’Histoire anglaise. Cette représentation de la Reine s’inspire d’un portrait réalisé par Marcus Gheeraerts le Jeune en 1595. Malheureusement l’assiette ne date pas de cette époque ! Les poinçons pourraient nous donner une date précise mais impossible de les déchiffrer ! Au regard de la patine et de l’exécution générale, ces assiettes datent probablement de la première moitié du XXe. Certainement réalisées en Angleterre, ce sont des pièces d’apparat que l’on déposait, bien en vue, dans le vaisselier. Elles n’ont pas vocation à recevoir des aliments. Bien que de qualité, ces assiettes, à l’image des ouvrages d’étain en général, ne sont plus à la mode et peuvent se négocier autour de 20 € en brocante.
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