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Céramique : Rouen et Sèvres à leur zénith

Vendredi 16 octobre 2020

Gazette Drouot, Philippe Dufour

Rouen, vers 1725-1730, grand plat d’apparat rond en faïence à décor en ocre sur fond bleu, diam. 56 cm.
Adjugé : 248 000 €
Sèvres, 1803-1804, cabaret pour le service de bouche de l’Empereur en porcelaine dure, composé de dix-sept pièces, décor peint par Christophe Ferdinand Caron (1791-1815), marque «Mre Nle. De Sevres -II».
Adjugé : 155 000 €

Une faïence et des porcelaines spectaculaires ont été parmi les pièces les plus primées de la vente tenue au château d’Artigny.

Dans la catégorie des faïences, brillait le grand plat d’apparat (diam. 56 cm) d’une manufacture de Rouen, qui pourrait bien avoir inscrit un record pour une faïence française en récoltant 248 000 €. Daté entre 1725 et 1730, il s’inscrit dans l’âge d’or de la production rouennaise. Au cours de cette période, des décorateurs mettent au point un décor original dit «ocre niellé», fait de rinceaux noirs ou bleus sur un fond ocre et évoquant les marqueteries de cuivre d’André-Charles Boulle ou de Nicolas Sageot. «Mais sur quelques très rares faïences, dont notre plat, les couleurs sont inversées», indique l’expert Cyrille Froissart ; la peinture des figures et des rinceaux est alors exécutée en ocre sur fond bleu. Au centre de la pièce, deux amours musiciens sont inscrits dans un médaillon, tandis que l’aile porte leurs semblables brandissant des bouteilles… Son pedigree n’est pas moins prestigieux : il avait d’abord appartenu au baron James de Rothschild (1792-1868), puis à son fils Gustave (1829-1911), et à Robert de Rothschild jusqu’en 1932. Enfin, il est considéré comme le pendant au plat du legs Gérard conservé au musée du Louvre (OA 5011)…

C’est de la manufacture de Sèvres que provenait le second lot vedette de cette session, avec un cabaret «à l’étrusque» créé vers 1803-1804 pour le «service de bouche» de l’empereur Napoléon Ier. Lui aussi a su tutoyer les sommets, en décrochant 155 000 €, avancés par un collectionneur français… Il faut avouer que ces dix-sept pièces en porcelaine dure – un pot à sucre «à pied anse volute», une théière «Asselin», une jatte à fruits «hémisphérique», un pot à lait dit « pot à crème à cornet», une cafetière, douze tasses «litrons» et leurs soucoupes – portent un merveilleux décor polychrome et or : des guirlandes fleuries sur lesquelles des volatiles sont perchés relient des cartouches rectangulaires ornés de scènes figurées à l’antique, tous motifs dus au pinceau de Christophe Ferdinand Caron (1791-1815), spécialisé dans la peinture d’oiseaux.
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