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Fanions de combat japonais

Samedi 03 mai 2014

Cette semaine un lecteur de Tours sollicite Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, afin de connaître l’origine de trois fanions.

Cette semaine un lecteur de Tours sollicite Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, afin de connaître l’origine de trois fanions.

De forme triangulaire, ces fanions mesurant 13 cm de long sont en soie. Si les couleurs ont passées avec le temps, ont peut supposer que l’un d’eux était rouge et un autre bleu. Ils sont attachés à un manche bagué de 38 cm de long en bois tourné et strié au niveau des prises plus larges. La calotte de ces dernières est finement sculptée d’une fleur à cinq pétales. Le bois utilisé semble être exotique bien que notre lecteur précise qu’il est « très léger ». L’un des manches porte une plaque rectangulaire en duralium datée 1932.

Pour mener notre enquête il nous faut pénétrer dans un domaine d’expertise bien particulier : la vexillologie, c'est-à-dire la science des drapeaux. Sans entrer dans les détails, le drapeau existe depuis des millénaires. Longtemps cantonné à un usage guerrier, représentant une nation ou un homme, ses fonctions sont aujourd’hui fort diverses. On le retrouve par exemple sur les plages, réglementant la baignade, sous forme de bannière dans les processions religieuses et il est également très présent dans le milieu sportif. Citons le drapeau à damier dans les courses automobiles, le drapeau du poteau de corner au football, le drapeau qui indique l’emplacement du trou au golf etc…

Quel pouvait donc être l’usage des fanions de notre lecteur ? De petite taille, ils ne sont probablement pas destinés à être vus de loin. On imagine aisément leur détenteur les agiter pour transmettre un message, à l’image des pavillons de transmission de la Marine. La qualité du travail du manche ainsi que l’étoffe précieuse dont ils sont constitués sont un indice de taille. En effet la soie ne résisterait pas fort longtemps à un usage en extérieur… et a fortiori en pleine mer ! Tournons-nous donc vers un usage en intérieur. Et pour cela il nous faut regarder du côté du Japon et de ses arts martiaux : les budō. Pratiqués dans une salle appelée dojo, l’un des plus célèbres est le karaté. Lors de l’affrontement, l’arbitre, assis, compte les points des deux compétiteurs et signale les fautes à l’aide de deux drapeaux, un rouge et un bleu.

Ces fanions, datant de la première moitié du XXe, étaient donc vraisemblablement destinés à l’arbitrage de combats de karaté. Mais cette hypothèse ne peut malheureusement conduire à une réponse péremptoire et définitive. Comme c’est parfois le cas en expertise, il nous faut ici humblement reconnaître que l’énigme plane encore sur l’usage de ces fanions. Mais peut-être qu’un de nos lecteurs sera plus affirmatif ? Quoi qu’il en soit ce sont de beaux objets, de qualité qui, malgré l’incertitude dont ils sont entourés, peuvent se négocier autour d’une centaine d’euros.
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