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La Garden-Party que les amateurs d’art ne doivent pas manquer

Samedi 03 octobre 2020

Challenge, Diane Zorzi

La 32e "garden-party" de la maison de ventes Rouillac se déroulera les 4 et 5 octobre au château d’Artigny en Touraine. L'occasion de découvrir trois "surprises", trois chefs-d’œuvre inédits, jusqu'alors oubliés dans des greniers.

LA MAISON D'ENCHÈRES ROUILLAC INVESTIT LE PRESTIGIEUX CHÂTEAU D’ARTIGNY EN TOURAINE POUR SA 32E  GARDEN-PARTY , LES 4 ET 5 OCTOBRE. UN RENDEZ-VOUS DU MARCHÉ DE L’ART, MARQUÉ PAR TROIS DÉCOUVERTES, TROIS CHEFS D'OEUVRE, SORTIS TOUT DROIT DE GRENIE
LA MAISON D'ENCHÈRES ROUILLAC INVESTIT LE PRESTIGIEUX CHÂTEAU D’ARTIGNY EN TOURAINE POUR SA 32E "GARDEN-PARTY", LES 4 ET 5 OCTOBRE. UN RENDEZ-VOUS DU MARCHÉ DE L’ART, MARQUÉ PAR TROIS DÉCOUVERTES, TROIS CHEFS D'OEUVRE, SORTIS TOUT DROIT DE GRENIERS! CHÂTEAU D’ARTIGNY

Chaque année, depuis 1989, la maison de ventes Rouillac investit un château du Val-de-Loire pour en faire le cadre d’un des plus prestigieux rendez-vous du marché de l’art en France. Cette année, la 32e édition se déroulera les 4 et 5 octobre au château d’Artigny en Touraine et à l’occasion de cette "garden party ", la maison de ventes fera resurgir des profondeurs du temps des chefs-d’œuvre inédits, perdus depuis des siècles. Nous avons sélectionné trois de ces "surprises"…

• Un panneau inédit du trecento florentin

Parmi les nombreuses surprises que compte cette "garden party" figure ce panneau inédit du trecento florentin (14e siècle). Il a été découvert par hasard, lors d’un inventaire dans le sud de la France. Achetée aux enchères autour de 1870, l’œuvre demeurait depuis accrochée sur la même cimaise d’un hôtel particulier montpelliérain. "Le propriétaire pensait qu’il s’agissait d’une icône grecque et nous avait contacté pour un tout autre tableau qu’il datait du XVIIe siècle français et qui s’est avéré bien moins exceptionnel que ce petit panneau de dévotion privée", raconte le commissaire-priseur Jacques Farran.

Au fil des recherches menées avec les experts du cabinet Turquin, un nom surgit : Jacopo di Cione (ca. 1340-1398). Pour les experts, il n’a rien d’un inconnu : avec Agnolo Gaddi, Jacopo di Cione n’est autre que le peintre le plus important de Florence au cours du dernier tiers du XIVe siècle. Un chapitre lui est même consacré par Vasari dans ses célèbres Vite, aux côtés de ses frères Andrea di Cione dit l’Orcagna, Matteo et Nardo di Cione. "Après la peste de 1348 qui emporte les meilleurs élèves de Giotto, les Orcagna forment le plus important atelier de Florence, précise Jacques Farran. Peintres, architectes, sculpteurs, inscrits à la corporation des médecins et des pharmaciens, ils illustrent l’idée que l’on a des génies multiples de la Renaissance, car on est ici, déjà, dans l’enfance de la Renaissance – avant l’adolescence incarnée par Masaccio et l’âge adulte des géants Léonard, Michel-Ange et Raphaël."

La découverte est ainsi d’autant plus émouvante qu’elle témoigne d’une période charnière de l’histoire de l’art. Des traditionnelles icônes byzantines, elle conserve le fond d’or et le rapport d’échelle donnant la primauté à la Madone, symbole de sa position dans la hiérarchie céleste. Mais pointe déjà la tentative d’une perspective géométrique. "Le piédestal est construit à partir d’un point de fuite situé dans le manteau de la Vierge, légèrement déporté vers la gauche", précise le commissaire-priseur. Plus émouvante encore est l’interaction touchante de l’enfant Jésus avec sa mère. "En rupture avec la majesté froide de la représentation byzantine, le Christ enfant attrape de sa main droite le voile de la Vierge comme pour attirer son attention. L’humanité du Christ, thème central de la peinture italienne à venir, est ainsi déjà questionnée dans la peinture de Jacopo di Cione." De qualité muséale, ce panneau (estimé entre 20.000 et 30.000 euros) peut, à cet égard, être rapproché d’un tableau de l’artiste conservé dans les prestigieuses collections du Museum of Fine Arts de Budapest.

• Un spectaculaire lit à baldaquin Néo-Renaissance

C’est encore lors d’un inventaire, au sein d’une demeure bourgeoise de Normandie, que les commissaires-priseurs ont déniché un "King Size Bed" en noyer de 2,75 mètres de hauteur. Bien que démonté, le lit attire l’attention de Philippe Rouillac par ses majestueux montants moulurés et ses sculptures d’une grande finesse, caractéristiques de la période Renaissance. "Nous avons consulté de nombreux ouvrages et fini par retrouver ce lit dans l’inventaire des prestigieuses collections d’Emile Gavet, fin connaisseur de l’art du XIXe siècle qui en avait fait la pièce maîtresse de son hôtel particulier et l’avait alors identifié comme étant celui d’Henri III au château d’Amboise", détaille Aymeric Rouillac.

Aussi séduisante soit-elle, cette hypothèse est toutefois rapidement écartée par les commissaires-priseurs, une étude scientifique, menée par une société spécialisée dans la datation au carbone 14, datant le lit du XIXe siècle. Mais si la couche n’a pu accueillir le roi Henri III, mort assassiné en 1589, elle n’en reste pas moins une pièce exceptionnelle, caractéristique du style Néo-Renaissance avec son riche décor fait de satyres, rinceaux, corbeilles de fruits ou masques grimaçants. De l’époque Renaissance, ne subsiste en effet en France aucun lit royal, celui dit de François Ier, exposé au musée national de la Renaissance d’Ecouen, étant lui-même une reproduction du XIXe siècle. "Il s’agit d’une pièce unique", précise Aymeric Rouillac qui démarrera les enchères à 10.000 euros pour ce lit à baldaquin spectaculaire.

• Le précieux cadeau de Louis XIV à un corsaire malouin

C’est un secret familial bien gardé : une petite boîte à portrait, à l’effigie de Louis XIV. Elle a été offerte par le Roi Soleil lui-même en novembre 1695 au corsaire malouin Alain Porée, en récompense de sa prise navale du vaisseau de guerre anglais, le Dartmoor. "A bord de son vaisseau et avec l’appui de son frère dirigeant le François d’Assise, ce corsaire chevronné porta un terrible coup à la flotte anglaise le 14 février 1695 en abordant le Dartmoor. Cinq heures de combat et deux accostages seront nécessaires pour remporter la bataille", explique l’expert Brice Langlois.

Attribué à l’orfèvre d’origine suédoise Jean-Frédéric Bruckmann, le médaillon est orné d’un profil de Louis XIV à l’antique en émail moulé à la façon d’un camée et dévoile vingt diamants taillés en rose, sélectionnés par le roi en personne qui déterminait leur nombre et leur taille en fonction du rang du destinataire ou de l’importance du service rendu. Conservé jusqu’alors précieusement par la famille du corsaire, il est l’un des rares exemplaires connus à avoir conservé ses diamants d’origine. "Aujourd’hui, sur le nombre total recensé des boîtes à portrait offertes par Louis XIV, seuls trois exemplaires référencés conservent encore leurs diamants d’origine : celui du Louvre, du musée de Bologne et le nôtre." La richesse de ces montures conduisit nombre de leurs bénéficiaires à démonter les pierres précieuses pour parfois les remonter sur des ouvrages d’orfèvrerie tels que des tabatières. Probablement n’imaginaient-ils pas que, plusieurs siècles plus tard, une telle boîte à portrait ornée de ses diamants d’origine serait estimée à plus de 60.000 euros.
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