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Pâques en Algérie

Samedi 19 avril 2014

Cette semaine Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à la demande d’un lecteur sur internet. Abdelkrim Slimani, étudiant à l'université Abderrahmane Mira de Béjaia, en Algérie nous écrit en effet pour « déterminer l’époque et la valeur » de trois crucifix en bronze, le plus lourd pesant 2,5 kg.

Cette semaine Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à la demande d’un lecteur sur internet. Abdelkrim Slimani, étudiant à l'université Abderrahmane Mira de Béjaia, en Algérie nous écrit en effet pour « déterminer l’époque et la valeur » de trois crucifix en bronze, le plus lourd pesant 2,5 kg.

La crucifixion est, chez les Romains, la mise à mort la plus infamante. Elle est réservée aux criminels, aux esclaves et aux brigands. Après la mort sur la croix de Jésus-Christ, elle devient un emblème pour des milliers de fidèles. Elle symbolise, à travers les souffrances du Christ, l’amour que Dieu a pour les hommes en mourant sur une croix. Elle devient un objet de dévotion au centre de la foi chrétienne.

Le crucifix nous est familier. On le retrouve dans les églises, au bord des routes où il s'appelle "calvaire", dans de nombreuses maisons… Mais à bien y regarder, ils ne se ressemblent pas tous ! On distingue trois types de Christ : triomphant, résigné ou souffrant, comme c’est le cas ici. La tête est en effet inclinée sur l’épaule, les yeux sont absents, les muscles et les côtes saillants. Cette représentation dénote la douleur d’un corps épuisé, éreinté mais néanmoins tourné vers Dieu. La position des bras en équerre est plus rare : on la retrouve sur quelque rares calvaires de pierre en Lorraines.

Ces objets de dévotion de notre lecteur sont en bronze : un alliage de cuivre et d’étain assez lourd et plutôt onéreux. De grande taille (entre 20 et 50 cm d’après la photo), ils ne sont pas destinés à un usage privé. Il est très probable que leur première destination ait été funéraire, sur une pierre tombale. Le plus grand est marqué « Bronze » dans le but de garantir le métal employé. Il est signé « A. Dubois ». Ce sculpteur mal connu a surtout réalisé des œuvres à caractère sacré, que l'on vendait, jusqu'à la deuxième guerre mondiale dans le quartier de Saint-Sulpice à Paris, d'où le nom de "christ sulpicien". La fonte, industrielle, est plutôt grossière et dénuée de réel intérêt esthétique. Cette signature n’apporte donc pas de valeur supplémentaire à celle de l'œuvre.

Les crucifix de réalisation courante, sans soin apporté à leur réalisation n’ont d’autre valeur que celle que la prière des fidèles leur apporte. Comptez, en brocante, 15 € pour le petit, 30 € pour le moyen et 60 € pour le plus grand. Si la tristesse de cette mort sur la croix vous affecte... ouvrez votre cœur et tendez l'oreille : la joie de la Résurrection est toute proche. Ce soir, les cloches, après avoir été bénies par le Saint-Père, reviennent de Rome chargées de chocolats. Joyeuses fêtes de Pâques !
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